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impuissant. Comme donc sa volonté est l’ouvrage même de ses mains, et que sa volonté s’appelle le monde, ainsi sa volonté est le salut de l’homme, et cette volonté s’appelle l’Église. Il a connu, dès le commencement, ceux qu’il a appelés et sauvés. Ils ont été appelés et sauvés tout à la fois. « C’est Dieu lui-même, dit l’apôtre, qui vous a instruits. » N’est-ce pas un crime de penser que ceux qu’il instruit restent imparfaits ? Ce que nous apprenons de lui, c’est l’éternel salut que nous recevons de notre éternel rédempteur à qui grâces en soient rendues dans les siècles des siècles. Amen. À peine sommes-nous baptisés que les ténèbres qui nous aveuglaient se dissipent et que la lumière de Dieu nous éclaire.

Nous sommes semblables à ceux qui viennent de s’éveiller d’un profond sommeil, ou plutôt à ceux qui, faisant tomber une taie de dessus leurs yeux, ne se donnent point pour cela la faculté visuelle qu’il n’est pas au pouvoir de l’homme de se donner, mais rendent la liberté à leur prunelle en la débarrassant de l’obstacle qui empêchait la lumière d’y pénétrer. Ainsi le baptême, en nous lavant de nos péchés, qui sont comme d’épaisses ténèbres, ouvre notre âme à l’esprit divin. L’œil de notre âme devient aussitôt clair et lucide ; l’Esprit saint descend en nous, et nous voyons clairement les choses divines. Nous sommes capables d’appercevoir les choses éternelles et la lumière éternelle. Le semblable cherche son semblable ; ce qui est saint est naturellement porté à aimer celui qui est la source de la sainteté, et proprement appelé la lumière. « Car, vous étiez autrefois ténèbres, vous êtes maintenant lumière dans le Seigneur. » C’est pour cela, je pense, que les anciens Grecs appelaient l’homme phôta, c’est-à-dire lumière. Mais, disent-ils, il n’a point encore reçu la plus parfaite des grâces. J’en conviens ; mais il marche dans la lumière, et les ténèbres ne l’arrêtent point dans sa marche. Il n’y a point de milieu entre la lumière et les ténèbres. La résurrection est la fin dernière des croyants. Il ne s’agit d’autre chose pour eux que de recueillir le fruit de la promesse. La fin et les moyens ont l’un et l’autre une époque différente. Comme le temps et l’éternité