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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

cord. Du moment qu’il est baptisé par Jean, il devient parfait. Je l’accorde encore. N’a-t-il point encore appris de lui quelque chose ? Nullement. Le baptême a suffi pour le rendre parfait, l’Esprit saint est descendu sur lui pour le sanctifier. Telle est la vérité.

La même chose nous arrive à nous qui sommes, si je puis m’exprimer ainsi, des copies de ce divin modèle. Baptisés, nous recevons la lumière ; éclairés, nous sommes faits enfants de Dieu ; enfants de Dieu, nous devenons parfaits ; parfaits, nous devenons immortels. « Je lai dit, vous êtes tous les fils du Très-Haut. » Plusieurs noms divers distinguent cette opération divine et mystérieuse. On l’appelle grâce, illumination, perfection, baptême. Baptême, parce qu’elle efface et lave nos péchés ; grâce, parce qu’elle nous remet les peines que nos péchés méritent ; illumination, parce qu’elle nous fait voir cette lumière sainte et salutaire au travers de laquelle nous appercevons les choses divines ; perfection, parce qu’il ne manque rien à celui qui la reçoit. Que manque-t-il, en effet, à celui qui connaît Dieu ? Ne serait-il pas absurde d’appeler grâce de Dieu une grâce qui ne serait point parfaite et entière ? Un Dieu parfait peut-il nous accorder des grâces imparfaites ? Non. Comme la création de toutes choses a eu lieu en même temps que l’ordre qu’il a donné, nous n’avons besoin que de sa volonté pour recevoir la pleine et entière effusion des grâces. Lorsque Dieu agit, ce qui paraît le temps aux yeux des hommes disparaît devant lui par la force de sa volonté. La fin du mal est le commencement du salut.

Nous autres Chrétiens, nous sommes les seuls qui soyons parfaits dès notre début dans la carrière. Nous vivons aussitôt que nous nous sommes soustraits à l’empire de la mort. Le salut consiste à suivre Jésus-Christ, parce que ce qui est en lui est la vie. « En vérité, en vérité, je vous le dis ; celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle, et il ne sera point condamné. » Il a passé de la mort à la vie. Ainsi la perfection dans la vie repose sur la foi et sur la régénération. Dieu, en effet, n’est jamais ni faible ni