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xxiii
DE LA TRADITION.

tants, les fidèles ne sont en sûreté que quand ils consultent l’Écriture-Sainte.

Saint Irénée ne pensait pas comme eux. « Il ne faut point, dit-il, chercher ce qui est vrai ailleurs que dans l’Église, dans laquelle les apôtres ont rassemblé toutes les vérités comme dans un riche dépôt, afin que quiconque veut étancher sa soif puisse y trouver ce breuvage salutaire. C’est là que l’on reçoit la vie, tous les autres docteurs sont des larrons et des voleurs. Il faut donc les éviter, et consulter soigneusement les Églises, pour y trouver la vraie tradition. Car enfin, s’il y avait une dispute sur la moindre question, ne faudrait-il pas recourir aux Églises les plus anciennes, dans lesquelles les apôtres ont enseigné, et savoir d’elles ce qu’il y a de vrai et de certain sur ce sujet ? Et quand même les apôtres ne nous auraient point laissé d’écritures, ne faudrait-il pas encore suivre l’ordre de la tradition qu’ils ont donné à ceux auxquels ils confiaient les Églises ? »

Il montre cette nécessité par l’exemple des Églises fondées chez les Barbares, qui n’avaient encore aucune Écriture-Sainte, mais qui suivaient fidèlement la tradition. Dans le chapitre précédent, il réfute les hérétiques par la tradition de l’Église romaine ; il atteste que, malgré la distance des lieux et la diversité des langues, la tradition est uniforme partout. Dans une lettre, rapportée par Eusèbe, il rend témoignage de l’attention avec laquelle il écoutait les leçons de saint Polycarpe, disciple immédiat de l’apôtre saint Jean.

Cependant un protestant célèbre prétend que ce père ne faisait aucun cas de la tradition. Carpocrate, dit-il, Valentin, les Gnostiques, les Marcionites, fondaient leurs erreurs sur de prétendues traditions ; ils disaient que Jésus-Christ n’avait