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d’eux, il leur dit : « Quiconque s’humiliera comme ce petit enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des cieux ? » Ce n’est donc pas, comme plusieurs l’ont pensé, parce que les enfants sont incapables de réfléchir et de faire usage de leur raison que le Seigneur nous les présente pour modèles, et il faut bien se garder d’entendre en ce sens ces autres paroles : « Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume de Dieu. » Non, cette interprétation serait extrêmement vicieuse. Depuis que nous sommes les enfants du Seigneur, nous ne nous traînons plus dans la fange ; nous ne rampons plus sur la terre comme des serpents ; c’est-à-dire que nous ne nous livrons pas tout entiers, comme auparavant, à la bassesse des grossiers appétits de notre corps ; notre âme s’élance vers le ciel. Nous avons renoncé au monde et au péché ; nous ne touchons plus la terre que du bout du pied ; et il semble que nous ne soyons encore dans ce monde que pour marcher à la poursuite de cette sagesse divine que les méchants regardent comme une folie.

Ne connaître que Dieu seul pour père, être simple, ingénu, innocent, sans artifice, sans détours, tels sont les caractères de la véritable enfance. Aussi est-ce à ceux qui sont déjà avancés dans la doctrine du Verbe que le Seigneur ordonne de rejeter loin d’eux tout souci importun des choses nécessaires à la vie, et d’imiter les petits enfants qui laissent ce soin à leur père. C’est dans ce sens qu’il faut entendre les paroles suivantes : « Ne vous inquiétez point pour le lendemain ; à chaque jour suffit sa peine. » C’est-à-dire quittez tout soin inutile, attachez-vous seulement à votre père. Votre père vous donnera tout ce dont vous aurez besoin. Celui qui accomplit ce précepte est véritablement enfant ; il l’est aux yeux du monde et aux yeux de Dieu. Le monde, en effet, le méprise comme un insensé ; Dieu l’aime comme son enfant. S’il n’y a qu’un seul maître, comme dit l’Écriture, et si ce maître est dans le ciel, il en résulte nécessairement que ceux qui sont sur la terre ne doivent porter que le nom de disciples. Qui le peut nier ? La science et la perfection sont l’apanage du Seigneur ; l’ignorance