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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

semblable aux bêtes ; que notre âme est libre et innocente comme celle des enfants qui viennent de naître, que nous courons vers la foi et la vérité ; que nous sommes prompts pour arriver au salut ; que nous méprisons et foulons aux pieds les richesses et les voluptés du monde. « Tressaille d’allégresse, fille de Sion ; pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ; voilà que ton roi vient vers toi, juste, doux et sauveur, monté sur une ânesse et sur le fils de l’ânesse. » L’Écriture ne se contente pas de se servir du terme d’ânon, elle ajoute que cet ânon était né depuis peu, exprimant ainsi avec simplicité comment le Christ est nouveau selon la chair, et éternel selon sa génération divine. Comme le Seigneur dirige cet animal faible et timide, il nous donne à nous qui sommes ses enfants, la nourriture et la direction qui nous conviennent. L’enfance de cet animal est l’image de la nôtre. « Il attacha, dit l’Écriture, l’ânon à la vigne. » C’est-à-dire qu’il attache au Verbe un peuple simple et nouveau. C’est le Verbe qui est la vigne ; comme la vigne produit le vin, le Verbe donne son sang ; et de ces deux breuvages salutaires à l’homme, l’un nourrit son corps, l’autre guérit son âme et la sauve. Qu’il nous appelle ses agneaux, l’Esprit saint le témoigne par la bouche d’Isaïe : « Il gouverne son troupeau comme un pasteur vigilant ; il rassemble ses agneaux et les presse dans ses bras. » Les agneaux, qui sont ce qu’il y a de plus timide et de plus doux dans tout le troupeau, sont une figure allégorique de cette simplicité enfantine qui plaît au Seigneur.

Nous-mêmes, nous donnons à ce qu’il y a de plus beau et de plus précieux parmi les biens de ce monde, à l’éducation, des noms dont l’étymologie est tirée du mot enfant, et nous honorons du nom de Pédagogie, gouvernement de l’enfance, l’art qui, ayant pour but l’étude de la vertu, nous apprend à la pratiquer. Le Seigneur lui-même nous révèle tout ce qu’il y a de grand et de noble dans la qualification d’enfants qu’il nous donne, lorsqu’il résout la question qui s’était élevée entre les apôtres : « Quel est le plus grand dans le royaume des cieux ? » Car, ayant placé un petit enfant debout au milieu