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Seigneur lui-même avoue cet amour, lorsqu’il dit en s’adressant à nous : « Mon Père vous aime parce que vous m’avez aimé. » Il l’avoue encore lorsque, s’adressant à son Père, il lui dit : « Vous les avez aimés comme vous m’avez aimé. » Ainsi donc vous apparaissent la volonté du Pédagogue, la nature de ses secours, et la manière tendre et affectueuse dont il vous invite au bien et vous détourne du mal. Il est clair encore que ce Verbe divin exerce en votre faveur un autre office dont le but est de vous instruire dans les choses cachées, spirituelles et mystérieuses.

Mais comme il n’est pas question dans ce moment de cet enseignement, il me suffit ici de vous faire observer combien il est juste de payer de retour un Dieu dont l’amour nous conduit au souverain bien, et de conformer notre vie à ses commandements, non-seulement en exécutant ce qu’il nous ordonne, ou en évitant de faire ce qu’il nous défend, mais en cherchant à lui ressembler de la manière la plus parfaite qu’il nous soit possible, à l’aide des exemples qu’il met sous nos yeux, soit pour les imiter, soit pour les fuir. Nous errons, en effet, dans cette vie comme dans des ténèbres profondes et nous n’y saurions marcher sans l’appui d’un guide qui ne se trompe point, d’un guide sûr et fidèle. Ce guide par excellence est le Pédagogue. Ce n’est point, comme dit l’Écriture, un aveugle conduisant d’autres aveugles dans le précipice, c’est le Verbe dont la vue perçante pénètre les plus secrets replis de notre cœur. Comme donc il n’y a point de lumière qui n’éclaire, point de moteur qui ne fasse mouvoir quelque chose, point de force aimante qui n’aime avec ardeur, il est impossible aussi que le souverain bien ne soit point utile aux hommes, et qu’il ne les conduise pas au salut. Tirons donc nos préceptes de ses exemples et de ses œuvres. Le Verbe a été fait chair pour mieux nous enseigner la pratique et la théorie de la vertu. Qu’il soit notre unique loi ; regardons ses préceptes et ses avis comme la voie la plus courte et la plus directe pour nous conduire à l’éternité. Ses commandements ne respirent que la persuasion, et la crainte en est bannie.