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DE LA TRADITION.

suit un schismatique, il n’héritera pas du royaume de Dieu ; si quelqu’un a des sentiments particuliers, il renonce à la passion du Sauveur. »

Saint Polycarpe, dans sa Lettre aux Philippiens, les exhorte « à demeurer fermes et constants dans la foi, dans l’amour fraternel, dans la paix et dans la profession des mêmes vérités. » Or, cela ne se peut pas faire lorsque chaque particulier veut former lui-même sa propre foi, et entendre l’Écriture-Sainte comme il lui plaît. L’exemple des sectes hétérodoxes le démontre. Ainsi ont pensé les disciples immédiats des apôtres.

Au second siècle, Hégésippe, selon le rapport d’Eusèbe (l. IV, ch. XXII,) fit un voyage à Rome ; il consulta un grand nombre d’Évêques, il trouva la même foi et la même doctrine dans toutes les églises des villes par lesquelles il passa. Mais à quoi bon ces recherches, s’il suffisait de consulter l’Écriture pour connaître la vraie foi ? Dans le même siècle, on lisait dans les assemblées chrétiennes les lettres des saints Évêques, aussi bien que celles des apôtres, chose fort inutile, suivant l’opinion de nos adversaires.

Saint Justin, dans la Lettre à Diognète, dit que le Fils de Dieu accorde des lumières à ceux qui les demandent, qui ne franchissent ni les bornes de la foi, ni celles qui ont été posées par les Pères ;….. qu’ainsi l’Évangile s’établit, la tradition des apôtres est gardée, et l’Église comblée de grâces.

Saint Théophile, évêque d’Antioche, compare les saintes Églises dans lesquelles se conserve la doctrine des apôtres, à des ports dans lesquels les navigateurs sont en sûreté ; et les hérétiques, à des pirates ; leurs erreurs, à des écueils contre lesquels les vaisseaux font naufrage. Selon l’avis des Protes-