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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

le nom du tout. Il est dans la nature de toute religion d’exhorter les hommes ; toute religion fait naître dans notre âme, qui est une émanation de Dieu, un ardent amour de la vie présente et de la vie future. Maintenant, comme le Verbe est tout à la fois médecin et précepteur, et que, conséquent avec lui-même, il anime ceux qu’il a convertis dans le principe et leur promet la guérison des blessures de leurs âmes, il me paraît convenable de réunir tous ses titres dans un seul et de l’appeler le Pédagogue. Le Pédagogue veut la pratique et non la théorie. Son but est d’orner les âmes de vertus et non de science. Il exige qu’on soit sage et non savant.

Ce n’est pas que le Verbe ne nous ouvre également les trésors de la science ; mais il ne débute pas ainsi. Lorsqu’il nous explique et nous révèle les dogmes de la religion, sans doute qu’il instruit ; mais le Pédagogue veut la pratique avant tout. Aussi s’occupe-t-il d’abord de former nos mœurs ; bientôt il nous invite à rechercher les choses qui nous sont nécessaires pour la vertu, en nous donnant les préceptes d’une morale pure, et en montrant aux fils, comme terme de comparaison, le tableau des fautes commises par leurs pères. Ces deux moyens sont de plus grande efficacité : l’un, qui est le mode d’exhortation, nous dispose à la soumission ; l’autre, qui consiste à présenter ces comparaisons, a un double effet, à cause des objets différents qu’il met en regard. Le premier effet est de nous porter à embrasser la vertu par la force de l’exemple ; le second effet est de nous porter à repousser le vice en nous inspirant de l’horreur pour lui.

La guérison de nos âmes suit nécessairement les instructions qui résultent de la vue de ces tableaux. C’est ainsi que le Pédagogue fortifie nos âmes, en y faisant couler comme un beaume adoucissant, et qu’en nous donnant des préceptes salutaires pour nous conduire à la parfaite connaissance de la vérité, il prescrit en quelque sorte un régime à notre faiblesse. Ce sont deux choses bien différentes que la santé de l’âme et la science. L’une s’opère par la guérison ; l’autre, par l’instruction. Lorsque notre âme est malade, qu’elle ne s’avise donc pas de s’ap-