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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Christ de paraître digne du trône et d’en avoir été jugé digne en effet.

Fuyons la coutume, fuyons-la comme le nautonnier évite un promontoire fécond en naufrages, comme il se dérobe aux menaces de Charybde, ou bien aux séductions des mensongères sirènes. La coutume ! elle étouffe l’homme dans ses bras ; elle le détourne de la vérité ; elle le pousse hors des chemins de la vie. De quel nom appeler ce fléau ? filet captieux, crible de la perdition, fosse où tombe l’imprudent, gouffre où tout va s’engloutir.

« Poussez votre navire loin de cette fumée et par-delà ces vagues mugissantes. »

Compagnons qui sillonnez les mêmes flots, ah ! fuyons cette mer où bouillonnent des volcans. L’île est pleine de périls. Voyez-vous les débris et les cadavres qui couvrent ses bords. La volupté seule, riante courtisane, attire les passagers par les sons enivrants d’une musique populaire et commune :

« Viens, ô noble Ulysse, gloire et orgueil des Grecs ! aborde vers ce rivage, afin d’y entendre une harmonie divine. »

Vous l’entendez, ô nautonnier ! elle vous flatte, elle vante votre célébrité ; mais la femme impudique essaie d’enchaîner à son char l’orgueil et la gloire de la Grèce. Laissez-la se repaître de cadavres : l’Esprit saint nous vient en aide par son assistance. Passer dédaigneusement auprès de la volupté, sans vous laisser prendre à ses caresses.

« Que la femme qui se glisse sous votre toit ne vous séduise pas par la douceur de son langage et la beauté de ses formes. »

Passez outre, en fermant l’oreille à ses chants : ils donnent la mort. Dites un mot, et vous êtes sauvés. Attachez-vous au bois du salut, et vous serez affranchis de toute corruption. Le Verbe du Seigneur sera votre pilote et l’Esprit saint vous dirigera vers le port de la céleste félicité. C’est alors que vous contemplerez mon Dieu ; alors que vous serez initiés aux sublimes mystères et à ces délices dont le ciel a le secret et qui me sont