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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

éternelle. Hommes chez lesquels le sentiment et la vue sont émoussés, vous vivez dans les ténèbres, pareils à ces animaux qui se creusent des demeures souterraines, sans autre souci que votre nourriture et environnés de corruption. Mais il y a une vérité qui vous crie : « La lumière sortira des ténèbres. » Que la lumière resplendisse donc enfin dans la partie secrète de l’homme, je veux dire dans son cœur ; oui, que les rayons de la science se lèvent et illuminent de tout leur éclat l’homme intérieur, le disciple de la lumière, l’ami du Christ, et son cohéritier, surtout quand le nom auguste et vénérable d’un père compâtissant qui n’impose à ses enfants que des obligations douces et salutaires, sera parvenu à la connaissance d’un fils bon et religieux. Qui se laisse diriger par lui excelle en toutes choses ; il marche à la suite du Très-Haut, il obéit au Père, il reconnaît son égarement, il aime Dieu, il chérit le prochain, il accomplit le précepte, il a droit à la récompense, il la revendique hautement.

Le dessein éternel de Dieu, c’est de sauver le genre humain : voilà pourquoi le Dieu de la miséricorde lui a envoyé le bon pasteur. Le Verbe, ayant dévoilé la vérité, manifesta aux hommes les mystères du salut, afin qu’ils se sauvassent par le repentir, ou qu’ils fussent condamnés par le jugement, s’ils refusaient de se soumettre. La voilà cette prédication de la justice, bonne nouvelle pour les cœurs dociles, sentence de mort pour les rebelles. Et quoi ! la trompette des combats rassemblera ses légions et proclamera la guerre ; et le Christ, qui entonne jusqu’aux dernières limites du monde le cantique de la paix, n’aura pas le droit de rassembler sa pacifique milice ? Il n’en est rien, ô homme ! Il a convoqué sous ses drapeaux, par la voix de son sang et de sa doctrine, les paisibles combattants auxquels il a ouvert le royaume des cieux. La trompette de Jésus-Christ, c’est son évangile. La trompette sacrée a retenti, nos oreilles se sont ouvertes à ses accents. Revêtons donc les armes de la paix : « Prenons la cuirasse de la justice, le bouclier de la foi, le casque du salut, et l’épée spirituelle qui est le glaive de Dieu. » C’est ainsi que l’apôtre nous pré-