Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/237

Cette page n’a pas encore été corrigée
173
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

veilles de leur salut. — Mais par quel moyen, me dites-vous, le ciel s’ouvrira-t-il devant moi ? — Le Seigneur est la voie ; voie étroite, il est vrai, mais qui part du ciel ; voie étroite, il est vrai, mais qui remonte au ciel ; voie étroite, que la terre méprise et dédaigne, mais qui ne laisse pas d’être large et adorée dans les cieux. Sans doute, à qui n’a jamais entendu nommer le Verbe, il sera pardonné en faveur de son ignorance. Mais celui qui en connaît les oracles et qui s’opiniâtre dans une incrédulité volontaire, plus son intelligence est riche de lumières, plus ses connaissances lui seront fatales, puisqu’il sera condamné au tribunal de sa propre science pour avoir refusé de choisir ce qu’il y avait de meilleur.

La nature de l’homme d’ailleurs l’enchaîne à Dieu par des relations particulières. Nous ne contraignons point le taureau à chasser, ni le chien à labourer. Nous disposons de ces animaux dans la mesure de l’instinct que Dieu leur a départi. Ainsi, recueillant dans l’homme, qui est fait pour contempler le ciel, dans l’homme, plante née là haut dans les régions de l’éternité, les priviléges inhérents à sa nature et par lesquels il règne sur le reste des animaux, nous l’exhortons à servir Dieu et à faire ici-bas des provisions qui l’accompagnent dans toute l’éternité. Laboure la terre, lui disons-nous, si telle est ta profession ; mais pendant que tu remues la terre, travaille à connaître celui qui l’a créée. Nautonnier, va fendre les flots de la mer ; mais avant de prendre en main le gouvernail, invoque le pilote de la terre et des cieux. Faut-il marcher sous l’aigle des Césars ? écoute avant tout le monarque dont la voix ne commande rien que de juste. Revenez donc enfin à vous-mêmes, comme l’on revient de l’engourdissement de l’ivresse et du sommeil. Si peu que vous ouvriez les yeux, reconnaissez quel fruit il vous revient de ces pierres devant lesquelles vous vous courbez, et des dépenses que vous consacrez stérilement au culte de la matière. Vous jetez à pleines mains vos richesses dans le gouffre de l’ignorance, de même que vous précipitez votre vie dans la mort, dernier abîme où s’engloutit votre chimérique espoir. Mais hélas ! telle est la force de l’ha-