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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

pas chercher avec tant de labeur s’il faut suivre ses inspirations. Qui de vous, par exemple, met en doute s’il faut s’enivrer ? cependant vous vous plongez instinctivement dans l’ivresse avant que la réflexion vous vienne. Doit-on faire tort à autrui ? que vous importe ? vous commettez la violence et l’outrage le plus promptement qu’il vous est possible. Mais faut-il honorer Dieu ? faut-il obéir à ce Dieu sage et au Christ ? Il n’y a donc que ces questions sur lesquelles vous hésitiez. Voilà où vous croyez que la délibération est à propos, sans penser aucunement à ce qui convient à Dieu ni à la vérité. Ah ! pour devenir sobres, croyez du moins à nos paroles comme vous croyez à l’ivresse ; pour acquérir la vie, croyez à nos paroles comme vous croyez à la colère et à l’injustice. Que si, dociles à la foi qui parle au fond de toutes les vertus, vous vous déterminez enfin à obéir, je produirai devant vous une foule surabondante de témoignages, fournis par le Verbe, pour solliciter votre acquiescement. Vous donc, car telle est la préoccupation de vos mœurs nationales, qu’elles vous ont éloignés complètement jusqu’ici de l’étude de la vérité, prêtez une oreille attentive à ce qui va suivre.

La foi ! À ce mot, ne vous laissez pas surprendre par une mauvaise honte, qui ne peut qu’être funeste à l’homme et le détourner du salut. Dépouillons donc nos vêtements sans rougir, et combattons avec des armes légitimes dans l’arène de la vérité, ayant pour juge le Verbe saint et pour ordonnateur des jeux l’éternel modérateur de l’univers. L’immortalité, en effet, quelle récompense plus auguste ! brille placée au bout de la carrière. On parlera de nous avec mépris, me répondrez-vous peut-être ! Et que vous importent les clameurs de quelques misérables, tirés de la lie du peuple, qui conduisent les chœurs impies de la superstition et dans leur extravagance courent tête baissée vers l’abîme, insensés fabricateurs d’idoles, stupides adorateurs de la pierre ? Voilà les hommes qui osèrent transformer les mortels en dieux ! Ce sont eux qui inscrivirent comme treizième divinité ce conquérant macédonien dont Babylone montre encore le tombeau. Aussi ne puis-je refuser mon admi-