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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

« L’héritage des enfants est le partage de ceux qui s’attachent au Seigneur. » Aimable et magnifique héritage ! Il n’est ni l’or, ni l’argent, ni la pourpre que le ver dévore, ni aucune des richesses terrestres que le voleur dérobe dans son admiration insensée pour une vile matière. Quel est donc cet héritage ? C’est le trésor du salut, vers la conquête duquel il nous faut marcher, une fois devenus les amis du Verbe. De là descendent jusqu’à nous les bonnes actions, pour s’envoler avec nous sur les ailes de la vérité. Cet héritage, qui n’est pas autre que le don de la vie éternelle, l’éternelle alliance de Dieu nous le met entre les mains.

Ce Dieu, qui est notre véritable père, car il nous chérit de l’amour le plus tendre, ne cesse pas un seul moment de nous exhorter, de nous avertir, de nous reprendre, de nous aimer. Qui s’en étonnerait ? Il veille incessamment à notre conservation ; il nous fait entendre les plus salutaires conseils. « Donnez vos cœurs à la justice, dit le Seigneur. Vous tous qui avez soif, venez vers les eaux ; vous tous qui êtes dans l’indigence, hâtez-vous ; achetez et nourrissez-vous ; venez, vous recevrez sans échange le lait et le vin. » Purification, salut, illumination de l’âme, il réveille nos langueurs sur chacun de ces points. Je crois l’entendre nous crier : « Ô mon fils, je te donne la terre, la mer et le ciel ; tous les animaux qu’ils renferment sont à toi. Toi seulement, ô mon fils, aie soif de ton père. Dieu se révélera gratuitement à tes yeux ; car la vérité ne s’achète point à prix d’argent. » Vous l’entendez ! les oiseaux qui peuplent l’air, les poissons qui nagent dans les eaux, les animaux qui habitent la terre, Dieu vous les donne. Ils ont été créés par le Père céleste, pour que vous en usiez avec actions de grâces et reconnaissance. Que l’enfant illégitime, que le fils de la perdition, dont le cœur est résolu d’adorer Mammon, achète ces biens à prix d’argent, à la bonne heure ! mais vous, vous êtes l’enfant légitime ; ils vous sont remis comme un héritage qui est à vous. N’aimez-vous pas le Père dont la grâce opère encore ? N’est-ce pas à vous qu’a été faite cette promesse : « La terre demeurera à perpétuité, »