Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/231

Cette page n’a pas encore été corrigée
167
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

vous devez votre âme ; rien chez vous qui n’appartienne au Très-Haut. Connaissez-vous après cela une absurdité plus révoltante que de porter vos hommages à un autre maître, que d’honorer un tyran à la place d’un monarque, le mal à la place du bien ? Au nom de la vérité, qui jamais a pu, sans avoir perdu le sens, abandonner le bien pour s’attacher au mal ? Qui fuira la compagnie de Dieu pour vivre dans celle des démons ? Quel est celui qui, pouvant s’inscrire parmi les enfants de Dieu, préfère la honte de l’esclavage ? Qui enfin marche tête baissée vers les abîmes de la perdition, lorsqu’il peut être citoyen du ciel, habiter le paradis, parcourir librement les régions célestes, et participer à la fontaine intarissable d’où jaillit la vie éternelle, emporté parmi les airs sur une nuée brillante, et contemplant, comme autrefois Élie, la pluie du salut ? Mais la foule des hommes, se roulant à la manière des reptiles dans la fange et les marais, s’y repaît d’extravagantes et honteuses voluptés. Vils mortels, qui méritent moins le nom d’hommes que celui de pourceaux ! L’animal immonde, dit-on, préfère le bourbier à l’eau la plus limpide, et, dans la démence de ses appétits, il convoite, selon l’expression de Démocrite, les hideux mélanges. Gardons-nous donc de nous précipiter dans les chaînes de la servitude, ou de nous abaisser jusqu’à l’ignominie du pourceau. Loin de là ! légitimes enfants de la lumière, levons les yeux vers la lumière ; regardons-la face à face, de peur que le Seigneur, ainsi que le soleil accuse la dégénération de l’aigle, ne surprenne en nous les traces de la bâtardise.

Pleurons donc nos fautes ; passons des ténèbres de l’ignorance au grand jour de la connaissance, de l’égarement à la raison, de l’intempérance à la tempérance, de l’injustice à la justice, de l’impiété à l’adoration du vrai Dieu. C’est une belle expérience à tenter que de passer au service de Dieu. Sans doute, des biens nombreux sont proposés comme récompense à ceux qui pratiquent la justice et poursuivent de leurs efforts la vie éternelle ; mais les biens les plus éminents sont ceux que le Seigneur a désignés lui-même par la bouche du prophète Isaïe :