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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

de la coutume ? Un tardif repentir au milieu d’inexprimables supplices par delà le tombeau. Au reste, que la superstition engendre la mort et que la piété conduise au salut, l’insensé lui-même ne l’ignore pas. Regardez les idolâtres. Quelques-uns paraissent en public avec une chevelure négligée ; leurs vêtements en lambeaux sont couverts d’une immonde poussière. Ils renoncent à l’usage des bains ; ils laissent croître démesurément leurs ongles, et affectent des manières sauvages. Plusieurs vont même jusqu’à mutiler leur chair : ridicules personnages dont les actions manifestent à elles seules que les temples des idoles ont été primitivement des prisons ou des tombeaux. À les voir se livrer ainsi bien moins à des œuvres de piété qu’à des tortures dignes de compassion, ne semble-t-il pas qu’ils portent le deuil de leurs dieux plutôt qu’ils ne leur rendent hommage ! Pour vous, l’aspect de ces misères ne vous ouvrira-t-il pas les yeux ? Ne lèverez-vous pas enfin vos regards vers celui qui est le Seigneur et le maître universel ? N’êtes-vous pas résolus à vous échapper de ces tombeaux, pour vous réfugier dans les bras de la miséricorde qui est descendue des hauteurs du ciel ? Dieu, en effet, pareil à l’oiseau qui accourt avec empressement autour de sa jeune couvée quand elle tombe du nid, soutient par sa miséricordieuse bonté le vol de sa créature. Qu’un serpent funeste vienne à dévorer les petits de l’oiseau, la mère voltige ça et là, pleurant les gages de sa tendresse. Dieu fait plus. Il va chercher le remède ; il l’applique sur les blessures du malade ; il chasse la bête féroce, et recouvrant le fils de sa tendresse, il l’aide doucement à rentrer dans son nid. Voyez encore les chiens. Quand ils s’aperçoivent qu’ils sont égarés, ils interrogent avec la sagacité de leurs narines les traces de leur maître. Les chevaux eux-mêmes qui ont renversé leur cavalier obéissent et reviennent au premier appel de sa voix. « Le taureau connaît son maître ; l’âne son étable ; Israël m’a méconnu : mon peuple est sans intelligence. » Mais le Seigneur ?… Le Seigneur ! Il oublie la grandeur de l’outrage ; il vous offre encore sa miséricorde ; il ne demande que votre repentir.

Mais répondez ! vous êtes l’ouvrage de Dieu ; c’est à lui que