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DE LA TRADITION.

ture garde un silence absolu sur un point de doctrine, et s’il est enseigné néanmoins par l’Église ou par le corps des pasteurs, nous devons y croire, parce qu’ils ont toujours fait profession de n’enseigner que ce qu’ils avaient reçu par tradition des apôtres, et que la parole des apôtres, qui est la parole de Dieu, n’est pas moins respectable, non écrite, que quand elle est écrite. Nous avons donc pour cette divine parole un respect plus sincère que les Protestants.

Pour nous rendre odieux, ils nous reprochent de favoriser le déisme et le pyrrhonisme. En effet, les déistes ont fait de ce raisonnement : d’un côté les Catholiques prouvent que l’Écriture seule ne peut donner aux Chrétiens une entière certitude de leur croyance ; de l’autre les protestants soutiennent que la tradition peut encore moins produire cet effet ; donc les Chrétiens n’ont aucune preuve de leur foi.

Il nous paraît d’abord fort aisé de retourner l’argument, et de dire : D’un côté les catholiques prouvent que la tradition leur donne une certitude entière de la vraie doctrine de Jésus-Christ ; de l’autre, les protestants soutiennent que l’Écriture seule suffit pour opérer cet effet ; donc l’Écriture et la tradition réunies donnent une certitude encore plus complète. Que peuvent répondre les déistes ?

Au lieu de les réfuter ainsi, les Protestants ont jugé qu’il était mieux de faire retomber ce sophisme sur nous seuls. Ils disent : Nous prouvons évidemment que la tradition est souvent fausse et trompeuse ; donc si vous venez à bout de démontrer que l’Écriture est insuffisante, vous ôtez tout fondement aux vérités de la foi, vous donnez gain de cause aux Incrédules.

Outre le ridicule qu’il y a de leur part à s’attribuer la vic-