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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

suit constamment, vengeresse des infractions faites à la loi divine[1]. »

Où donc, ô Platon, as-tu appris cette importante vérité ? À quelle source as-tu puisé les magnifiques paroles dont tu te sers pour exposer quel est le culte que nous devons à Dieu ? Je t’entends. « Les nations barbares en savent plus que les Grecs sur la religion. » Tu as beau cacher le nom de tes maîtres, nous savons quels furent tes instituteurs. Tu as appris la géométrie de la bouche de l’Égypte ; tu as demandé à Babylone les secrets de l’astronomie ; la Thrace t’a livré ses magiques évocations ; l’Assyrie t’a enseigné beaucoup d’autres connaissances. Mais ta science des lois, dans ce qu’elle a de conforme à la raison, tes sentiments sur la Divinité, tu les dois au peuple hébreu.

« On ne l’a jamais vu, séduit par de vaines illusions, adorer avec le reste des hommes, troupe frivole et inconstante, des simulacres d’or, d’airain, d’argent, d’ivoire, de bois, ou de pierre, ni courber le genou devant des hommes transformés en dieux. Loin de lui cette prostitution ! Les Hébreux lèvent vers le ciel des mains pures aussitôt qu’ils ont quitté la couche de leur repos, et qu’ils ont lavé leur corps dans une eau virginale. Un Dieu immortel et qui gouverne l’univers, voilà celui qu’ils adorent. »

Mais, sans te borner aux témoignages de Platon, convoque au milieu de nous, ô Philosophie, la multitude des autres philosophes qui ne proclament comme Dieu que le Dieu unique et véritable, réellement inspirés par son esprit quand ils se sont élevés jusqu’à la vérité. Le dogme qui suit appartient-il à Antisthène le Cynique ? Non, il sort de la bouche de l’Antisthène élevé à l’école de Socrate. « Dieu ne ressemble à qui que ce soit, dit-il : impossible par conséquent qu’une image le fasse connaître à personne. » Mais voilà que l’Athénien Xénophon proclame, en termes assez intelligibles, une partie de la vérité, tout prêt à lui rendre le même témoignage que Socrate, si la

  1. Platon, Lois, livre V.