Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée
149
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

dieux, puisque c’est par toi que nous voyons tous les autres dieux. »

Ce n’est pas le soleil qui m’apprendra le vrai Dieu ; c’est le Verbe de la vie, c’est le soleil de l’âme, à qui seul il est donné d’éclairer mon intelligence et de dissiper les ténèbres de mon entendement. Aussi Démocrite a-t-il eu raison de dire : « Parmi les hommes dont l’esprit est cultivé, il s’en trouve peu qui lèvent encore aujourd’hui leurs mains vers celui que nous autres Grecs nous appelons l’Air. La nature tout entière proclame l’existence de Jupiter. C’est Jupiter qui connaît tout, qui donne et enlève tout ; c’est lui qui est le monarque universel. » Platon est du même avis. Il s’exprime ainsi quelque part sur la Divinité : « Tout est soumis à la puissance du roi universel, il est le principe de tous les biens. » Quel est donc le roi universel ? Dieu qui est la mesure de la vérité pour tous les êtres. De même que la mesure comprend les objets qui se mesurent sur elle, ainsi l’homme qui a conçu Dieu dans son cœur mesure et comprend la vérité elle-même. Voilà pourquoi Moïse, cet homme d’une sainteté si éminente, a dit : « Vous n’aurez point en réserve plusieurs poids, l’un plus grand et l’autre moindre. Vous aurez un poids juste, véritable. » Il savait que Dieu est la balance, la mesure et le nombre de toutes choses. En effet, les simulacres de l’injustice et de l’iniquité sont cachés dans un lieu secret de la maison, et pour ainsi dire, dans les immondices de l’âme. Mais le Dieu unique, le Dieu véritable que le législateur hébreu désigne par cette juste et unique mesure, toujours égal à lui-même dans son impassible immutabilité, mesure et pèse toutes choses au poids de sa justice, en maintenant dans l’équilibre les différentes parties de la nature. « Dieu, suivant une ancienne tradition[1] est le commencement, le milieu et la fin de tous les êtres ; il marche toujours en ligne droite, conformément à sa nature, en même temps qu’il embrasse le monde. La justice le

  1. La tradition orphique.