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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

laissent pas néanmoins d’applaudir à leur propre sagesse. En effet, je te le demande au nom de la vérité, ceux qui ont cru en toi pourquoi les soumets-tu à la corruption et à une mort non moins funeste que déshonorante pour eux ? Pourquoi peuples-tu la vie humaine de simulacres idolâtriques en attribuant une divinité menteuse aux vents, à l’air, au feu, à la terre, à la pierre, au bois, au fer, et jusqu’à ce monde lui-même ? Pourquoi, élevant tes yeux au ciel avec le secours non de l’astronomie, mais de cette astrologie dont le vulgaire fait tant de bruit, courbes-tu les hommes que tu égares devant les corps célestes que tu leur donnes faussement pour des dieux ? Pour moi, il me faut un Dieu qui règne en souverain sur les intelligences, qui gouverne la famine, qui ait créé le monde, et qui ait allumé le flambeau du soleil. Que dirai-je enfin ? je cherche l’ouvrier et non pas ses œuvres. Qui de vous prendrai-je pour auxiliaire dans cette discussion ? Eh bien ! soit, j’accepte Platon. Dis-nous donc, ô Platon, par quelle méthode il faut aller à Dieu. « Découvrir le Père et le créateur de l’univers, est chose difficile ; et après qu’on l’a trouvé, il est impossible à la parole humaine de proférer son nom. » Pourquoi cela, ô Platon, je te le demande à toi-même ? « C’est qu’on ne peut le définir. » Très-bien, ô grand homme ! tu as mis le doigt sur la vérité ; mais ne te rebute pas, je t’en conjure, et marche avec moi à la découverte du bien. Le genre humain, et principalement ceux qui se sont exercés à l’étude des lettres, entendent une voix d’en haut qui les contraint de confesser, même contre leur volonté, qu’il existe un Dieu unique, qui n’a jamais eu de commencement et n’aura point de fin ; qui réside au-dessus de nous, dans quelque région de la plaine céleste, comme dans un centre d’observation d’où il règle l’univers.

« Parle ! quelle idée dois-je me former du Dieu, qui voit tout l’univers, mais inaccessible lui-même à l’œil d’aucun mortel ? »
dit Euripide. Par conséquent Ménandre est tombé dans une grave erreur lorsqu’il s’est écrié :

« Soleil, il convient de t’honorer comme le premier des