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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

de Chio semblent avoir reconnu deux principes, le plein et le vide. Démocrite l’Abdéritain adopte ces deux principes et en ajoute un troisième, les images des choses. Alcmæon de Crotone a cru que les astres étaient animés et qu’ils étaient des dieux. Je dévoilerai leur extravagance, et particulièrement celle de Xénocrate de Chalcédoine qui fit entendre que les sept planètes étaient des dieux, et que le monde, composé de tout cela, était un huitième dieu. Passerai-je sous silence les Stoïciens, qui ont déshonoré leur philosophie en prétendant que la Divinité se mêle à toute la matière, si abjecte qu’elle puisse être ? Puisque nous avons abordé la question, il sera peut-être utile de dire un mot des Péripatéticiens. Le père de cette école, ignorant quel est le Père de toutes choses, appelle âme de l’univers celui que l’on nomme le Dieu suprême. Il ne s’aperçoit pas qu’en attribuant à l’univers la divinité, il s’établit en contradiction flagrante avec ses principes. En effet, borner d’une part les soins de la Providence au globe lunaire, et de l’autre ériger le monde en Dieu, par conséquent regarder comme dieux des éléments où la Divinité n’est pas, quel témoignage plus manifeste d’erreur et de mensonge ! Un disciple d’Aristote, Théophraste d’Érésus, nomme Dieu tantôt le ciel, tantôt l’Esprit. Je laisse avec plaisir Épicure de côté, puisque ce philosophe, ne reconnaissant qu’un Dieu sans intervention dans les choses humaines, se montre impie sur tous les points. Pourquoi rappeler ici Héraclide le pontique ? Il est emporté constamment dans les images de Démocrite.

Ici se présente à mes yeux une multitude incommensurable de faux sages qui introduisent sur la scène des milliers de démons, comme autant d’épouvantails, vaines fictions imaginées par les auteurs des fables, ridicules inepties faites pour amuser la crédulité des vieilles femmes. Loin de nous la pensée de livrer de pareils discours à l’oreille des hommes, nous qui ne permettons pas même que l’on berce avec des fables l’enfant qui vagit, ainsi que s’exprime le langage ordinaire, de peur de développer en même temps que lui l’impiété professée par des hommes qui, plus inhabiles et plus novices que l’enfant au berceau, ne