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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Pour arriver au salut, il ne reste plus à l’homme d’autre refuge que la sagesse divine ; une fois qu’il est parvenu là, il est comme dans un sanctuaire où il n’a plus rien à craindre de la fureur des démons. Qu’il fasse donc tous ses efforts pour y parvenir.

Parcourons, si vous le voulez, les opinions que les philosophes débitent sur le compte des dieux. Voyons s’il ne nous arrivera pas de reconnaître que la philosophie elle-même, par une vaine confiance en ses forces, a déifié la matière ; et si nous ne pourrons pas établir, en passant, que lorsqu’elle a rendu des honneurs divins aux démons, elle avait entrevu la vérité comme on peut voir les objets dans un songe. Ces philosophes nous ont laissé leurs systèmes sur les principes générateurs des choses ; l’un admet l’eau, c’est Thalès de Milet ; l’autre admet l’air, c’est Anaximène de la même ville. Il fut suivi par Diogène d’Apollonie. Parménide d’Élée inscrivit le feu et la terre parmi les dieux. Hyppase de Métaponte et Héraclite d’Éphèse exclurent la terre et ne reconnurent que le feu. Empédocle d’Agrigente introduisit une multitude de dieux, et outre les quatre éléments il compta la Haine et l’Amitié. Tous ces philosophes sont des athées dont la folle sagesse portait ses adorations à la matière. Ils n’ont peut-être pas révéré la pierre et le bois, mais ils ont révéré la terre d’où vient le bois et la pierre ; ils n’ont peut-être pas fait d’image de Neptune, mais ils ont adoré l’eau ; et qu’est-ce que Neptune, sinon une substance liquide que l’on boit ? C’est de là que vient le nom de Neptune, comme celui de Mars dérive d’un mot grec qui signifie l’action de s’élever contre un ennemi et de le tuer. Peut-être est-ce de là qu’est venue la coutume qu’ont certains peuples de représenter Mars sous l’emblême d’une épée qu’ils enfoncent dans la terre, et à laquelle ils offrent des sacrifices. On trouve cette coutume établie chez les Scythes, selon le témoignage d’Eudoxe, dans le second livre du Tour de la terre. Des Scythes, elle passa chez les Sarmates, qui adorèrent une épée, comme Icésius le rapporte dans son livre des Mystères. Héraclite et ses sectateurs adorèrent le feu