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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

mes, souillés du sang de toutes sortes d’animaux égorgés en leur honneur.

Pour nous, il nous est clairement défendu d’exercer un art qui pourrait tromper les hommes. Vous ne ferez, dit un prophète, aucune image, soit des choses qui sont au ciel, soit des choses qui sont sur la terre. C’est qu’en effet nous pourrions nous exposer à prendre pour des dieux la Cérès de Praxitèle, et Proserpine, et le mystérieux Inacchus, ou plutôt à déifier l’art de Lycippe et le talent d’Apelles qui revêtirent la matière de si belles formes et lui concilièrent des honneurs divins. Vous vous appliquez avec un soin extrême à donner à la statue toute la perfection possible, et vous ne faites rien pour éviter d’être stupides à la manière de l’idole. Le prophète confond cette inconcevable insouciance par ces mots aussi clairs que précis, lorsqu’il dit que tous les dieux des nations sont les images des démons ; mais c’est Dieu qui a fait les cieux et tout ce qui est au ciel. Après des paroles aussi formelles, concevez-vous que les hommes aient pu se tromper au point d’adorer l’œuvre du Créateur au lieu du Créateur lui-même, et de prendre pour des dieux, au mépris de toute raison, de simples créatures qui ne servent qu’à marquer le cours des temps et des saisons. L’art humain élève des édifices, construit des navires, bâtit des maisons, anime la toile sous ses pinceaux. Mais comment raconter les œuvres de Dieu ? Voyez le monde entier : la voûte céleste, le soleil, c’est Dieu qui les a faits. Les anges et les hommes sont les ouvrages de ses mains. Quelle est sa puissance ! il a voulu, et le monde a été fait. Lui seul l’a créé parce qu’il est le seul vrai Dieu, et pour le créer il lui suffit de vouloir, parce qu’en lui la volonté est toujours suivie de l’effet, et par là sont confondus tous les philosophes, qui ont parfaitement compris que l’homme était fait pour contempler le ciel, mais qui se sont égarés au point d’adorer les astres du ciel qui frappèrent leur vue. S’ils ne sont pas les ouvrages de l’homme, ils sont faits pour l’homme. Au lieu d’adorer le soleil, cherchez l’auteur du soleil ; au lieu de faire un Dieu de l’univers et de lui rendre des honneurs divins, élevez-vous jusqu’au Dieu qui a fait le monde.