Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/206

Cette page n’a pas encore été corrigée
142
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tères, chantés par vos poëtes ; leurs festins, racontés par vos auteurs comiques, leurs ris immodérés dans la joie du vin, me forcent à m’écrier, quand je voudrais me taire : Ô impiété ! vous avez fait du ciel une scène de théâtre. Dieu est devenu par vous un drame, vos personnages ont été les démons ; dans cette comédie, vous avez joué ce qu’il y a de plus saint. L’impudeur de vos superstitions a livré aux sarcasmes les plus mordants le culte de la Divinité. Le premier de vos poëtes, prenant sa lyre, ouvre merveilleusement bien la scène. Homère, chante-nous, tu sais, l’hymne admirable dont je veux parler, les amours furtifs de Mars et de Vénus, lorsqu’ils s’unirent dans le palais de Vulcain, et qu’ils souillèrent la couche de ce Dieu par tant de secrètes voluptés. Ou plutôt, Homère, cesse de pareils chants, ils ne sont pas honnêtes, ils enseignent l’adultère. Pour nous autres, nous ne voulons pas même que ce nom souille nos oreilles. Connaissez les Chrétiens ; nous portons partout dans nos cœurs, comme dans un temple vivant et animé, l’image de Dieu qui nous parle, qui nous conseille, qui nous accompagne, qui se mêle à toute notre vie, qui partage toutes nos douleurs, qui console toutes nos misères. « Nous avons été offerts et consacrés à Dieu par Jésus-Christ ; nous sommes une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple d’acquisition ; car nous n’étions pas autrefois le peuple de Dieu. » Nous le sommes aujourd’hui, et comme le dit saint Jean, notre origine est céleste. Nous avons tout appris de celui qui est venu d’en haut. Nous connaissons l’économie des desseins de Dieu sur l’homme, le grand mystère du Dieu qui a revêtu notre nature, et nous nous exerçons à marcher dans une vie nouvelle. Mais chez vous, avec vos dieux, quelles mœurs ! Vous foulez aux pieds toute pudeur ; les lubricités des esprits infernaux respirent sur tous les murs ; vous vous livrez à la volupté avec tant de fureur que ses plus honteuses images décorent vos appartements, et que vous faites de l’impudicité même un acte religieux. Mollement étendus sur une couche voluptueuse, vous vous plaisez à repaître vos regards de la nudité de Vénus, surprise au milieu de ses em-