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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

lez-vous sortir de l’état de démence, le feu vous ramènera à la raison ; il a brûlé le temple d’Argos avec la prêtresse Chrysis, et celui de Diane à Éphèse, qui déjà l’avait été par les Amazones. Souvent il a dévoré le fameux Capitole de Rome ; dans Alexandrie, il n’a pas plus respecté le temple de Sérapis ; dans Athènes, il n’a rien laissé de celui de Bacchus ; à Delphes, une tempête dévasta le temple d’Apollon, et plus tard un feu intelligent le consuma. Que devez-vous voir dans ces événements ? un présage de ce que le feu vous promet.

Est-ce que les ouvriers qui fabriquent les statues ne vous apprennent pas assez, pour peu que vous ayez de bon sens, à mépriser une matière inerte et stupide. Phidias d’Athènes grava ces mots sur le doigt de Jupiter Olympien, Le beau secourable à tous. Et l’éloge s’adressait, non à Jupiter, mais au jeune enfant objet de sa passion. Praxitèle, si on en croit Possidius, auteur d’un ouvrage sur la ville de Cnyde, fit la Vénus qu’on voit dans cette ville, sur le modèle d’une certaine Cratine qu’il aimait, pour que les malheureux habitants adorassent la maîtresse de Praxitèle. Quand Phrynée, cette fameuse courtisanne de Thespie, était dans la fleur de sa beauté, tous les peintres donnaient les traits de son visage aux statues de Vénus, comme les statuaires d’Athènes empruntaient ceux d’Alcibiade pour représenter Mercure. Voyez maintenant si vous voulez adorer des prostituées.

Si je ne me trompe, c’est pour ces raisons que d’anciens rois, méprisant toutes ces fables, profitèrent du moment où ils n’avaient rien à craindre de leurs sujets pour se proclamer dieux. Ils faisaient comprendre par là que leur gloire leur avait acquis l’immortalité. C’est ainsi que Céyx fut nommé Jupiter par Alcyone sa femme, et qu’à son tour, Alcyone fut nommée Junon par Céyx, son mari ; on donnait à Ptolémée-Quatre et à Mitridate roi de Pont le nom de Bacchus. Alexandre voulait passer pour le fils d’Ammon et qu’on le représentât avec des cornes, ne craignant pas de déshonorer par ce signe honteux la majesté de la figure humaine. Non-seulement des rois, mais de simples particuliers ont pris le titre de dieux ; témoin le médecin Chéné-