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DE LA TRADITION.

2° Le très-grand nombre des vérités de foi, comme la sainte Trinité, l’Incarnation, la Rédemption du monde, la résurrection future, la nature du bonheur éternel, les supplices de l’enfer, la communication du péché originel, l’effet des sacrements, celui de l’Eucharistie en particulier, la prédestination, l’efficacité de la grâce, etc., sont des mystères incompréhensibles. De quelque manière qu’ils soient écrits dans des livres, il nous restera toujours des doutes sur le sens des termes, parce que le langage humain ne peut nous en fournir d’assez clairs. L’oubli des langues originales, la variété des versions, l’inexactitude des copies, l’équivoque des mots, le changement des mœurs et des usages, la bizarrerie des esprits, les subtilités de grammaire, les sophismes des hérétiques, laisseront toujours des inquiétudes au commun des lecteurs. Quand il y aurait beaucoup d’hommes capables de surmonter tous ces obstacles, s’ils n’ont ni caractère, ni mission, ni autorité divine, à quel titre pourrons-nous ajouter foi à leurs paroles ?

3° Les Protestants ont beau répéter que l’Écriture-Sainte est claire sur tous les articles essentiels du Christianisme, il n’en est pas un seul que les hérétiques n’aient attaqué par l’Écriture même, jamais deux sectes opposées n’ont manqué d’y trouver chacune des passages favorables ; point d’absurdité que l’on n’ait étayée par-là : cet abus a commencé avec le christianisme, et il dure encore. Dieu nous a-t-il donné, pour seul moyen d’apprendre notre croyance, la pierre d’achoppement contre laquelle se sont heurtés tous les mécréants ? Mais ces réflexions, quelque évidentes qu’elles soient, paraissent aux Protestants autant de blasphèmes ; ils nous accusent de déprimer l’Écriture ou la parole de Dieu, de la