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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

une pierre ; les Perses, un fleuve. Antérieurement à ces peuples, dans d’autres contrées, on élevait des pièces de bois d’une grande hauteur et des colonnes de pierres appelées Zoana, qui veut dire polies avec soin. L’image de la Diane d’Icare ne présentait qu’un morceau de bois brute ; à Thespis, celle de Junon Cythéronienne n’était qu’un tronc informe ; une autre de Junon, à Samos, ne fut dans le principe, selon Aëthlius, qu’une solive dont on a fait depuis une statue sous le prêteur Proclée. Quand les statues commencèrent à prendre une forme humaine, on les appela Brétê, du mot brotos, qui veut dire homme. Nous apprenons de Varron qu’à Rome, la première statue de Mars fut une lance ; c’était bien avant que la sculpture eût atteint la perfection merveilleuse mais funeste qu’elle eut depuis. Il est à remarquer qu’à mesure que cet art s’est développé l’erreur a fait des progrès ; avec le bois, la pierre et toute autre matière, on a fait des statues à figure humaine, on s’est prosterné devant elles ; le mensonge a voilé la vérité. Vous ne pouvez en douter après tout ce que nous avons dit ; s’il fallait de nouvelles preuves ne les refusons pas.

On sait que le Jupiter Olympien et la Minerve d’Athènes, ouvrage de Phidias, sont faits d’or et d’ivoire. Olympique rapporte, dans son livre des antiquités de Samos, que la statue de Junon est sortie du ciseau d’Euclide. Nul doute que Scopas n’ait fait d’une pierre, appelée Lucneus, deux des statues que les Athéniens appellent vénérables, et que Calos ne soit l’auteur de la statue du milieu. Nous l’apprenons de Polémon dans son quatrième livre à Timée ; le même écrivain a prouvé que les statues de Jupiter et d’Apollon qu’on voit à Patare, en Lycie, sont de Phidias, aussi bien que les lions qui les entourent. Voulez-vous que ce soit plutôt de Bryxis, je vous l’accorde, n’en parlons plus. Il était aussi sculpteur, dites-vous ; eh bien ! mettez au bas le nom de celui des deux que vous voudrez. Selon le témoignage de Philocore, les statues de Neptune et d’Amphitrite, hautes de neuf pieds et adorées dans l’île de Ténos, sont les ouvrages de l’athénien Télésius. Démétrius, dans le second livre de son histoire de Delphes, dit