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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

croissements ; elle a grossi comme un torrent qui a tout emporté, elle a enfanté une foule de démons, elle a immolé des hécatombes, elle a réuni des multitudes d’hommes, élevé des statues, bâti des temples. Mais je ne tairai pas ce qu’étaient ces édifices parés du beau nom de temples ; c’était des tombeaux ; oui, des tombeaux ont été appelés temples. Foulez donc aux pieds ces superstitions : quoi ! vous ne rougiriez pas d’adorer des tombeaux. Le tombeau d’Acrisius est à Larisse, dans le temple de Minerve, au sommet de la citadelle ; celui de Cécrops est dans la citadelle d’Athènes, comme nous l’apprend Antiochus, au neuvième livre de son histoire. Éricthone n’a-t-il pas reçu la sépulture dans le temple de Pallas ; Immer, fils d’Eumolpe et de Daïra, sous la citadelle d’Éleusis, dans l’enceinte du temple de Cérès, aussi bien que les filles de Celée ? Parlerai-je des femmes Hyperboréennes ? Deux d’entre elles, appelées l’une Hyperroque et l’autre Laodice, sont ensevelies dans une chapelle de Diane, qui fait partie du temple d’Apollon, à Délos. Cléarque, selon Léandre, a un tombeau dans un temple d’Apollon Didyme, qui se voit encore à Milet. Passerai-je sous le silence le sépulcre de Leucophryné qui, selon le témoignage de Zénon Myndien, est enterrée à Magnésie, dans le temple de Diane ? Oublierai-je l’autel d’ Apollon, qu’on voit à Thelmesse, et qui s’élève sur le tombeau du devin Thelmissis ? Ptolémée, fils d’Agésarque, raconte dans le premier livre de l’histoire de Ptolémée Philopator, que Cyniras et ses descendants ont leur tombeau à Paphos, dans le temple de Vénus. L’Énumération de tous les tombeaux révérés comme des temples serait infinie. Si le délire d’un pareil culte ne vous fait pas rougir, vous êtes de vrais morts, dès lors que vous adorez des morts, et partout vous portez vos funérailles. Ô infortunés, peut-on vous dire avec un de vos poëtes, quel est votre aveuglement ? Vous marchez la tête enveloppée des ombres du tombeau.

Si vous considérez les statues en elles-mêmes, vous comprendrez s’il est rien de plus extravagant que la coutume qui vous prosterne devant ces êtres insensibles, vains ouvrages de l’homme. Autrefois les Scythes adoraient une épée ; les Arabes,