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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

d’or à la main, marchait devant Ulysse pour l’éclairer. Nous lisons que Vénus remplissait près d’Hélène le rôle d’une servante déhontée ; qu’elle approcha d’elle un siége en face de son amant adultère pour l’inviter au crime. Panyasis parle de plusieurs autres dieux qui furent, comme ceux-ci, les très-humbles valets des hommes. Voici ses paroles : « Cérès essuya cet affront aussi bien que le célèbre Vulcain, aussi bien que Neptune, et Apollon à l’arc d’argent. Ils furent contraints de servir pendant un an de faibles mortels. Le fier Mars lui-même ne put s’affranchir de cette loi imposée par son père. »

Il raconte d’autres faits qui suivent ceux-ci. Il faut aussi vous faire voir ces mêmes dieux, languissant d’amour, en proie à de violentes passions et à tous les maux qu’éprouvent les hommes. Ils avaient un corps mortel : c’est Homère qui nous l’apprend, et il le prouve quand il introduit sur la scène Vénus blessée et poussant d’horribles cris ; quand il nous montre Mars lui-même percé au ventre par Diomède.

Ornyte, selon Polémon, ensanglanta Minerve. Pluton lui-même fut atteint d’une flèche lancée par Hercule, ainsi que nous l’apprenons encore d’Homère. Panyasis raconte un semblable exploit d’Augéas d’Élée. Il dit aussi que le même Hercule fit couler dans la sablonneuse d’Ilos le sang de Junon qui préside aux mariages ; mais il était juste que cet Hercule eût son tour : aussi Sosibius nous le montre blessé à la main par les enfants d’Hippocoon. S’il y a des blessures, il y a du sang. Et quel sang ! c’est le plus noir de tous ; ce sang que les poëtes appellent ichor est un sang corrompu. D’après cela il faut des soins, des aliments, mille autres choses indispensables : aussi je vois qu’il est question de festins, qu’on parle d’ivresse, de joie, de voluptés. Et pourquoi de ces voluptés d’hommes, pourquoi des enfants, pourquoi du sommeil, s’ils ne connaissent ni mort, ni besoin, ni vieillesse ? Jupiter, en Éthiopie, partagea la table d’un mortel, table barbare, impie : il avait été reçu par l’arcadien Lycaon, et là il se rassasia de chair humaine. Il faut tout dire, c’était contre son gré : ce dieu ne savait pas que cet hôte lui avait servi son propre fils, qu’il venait d’égorger : Nyctime était son