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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

patrie leur fut toujours chère. Selon l’auteur d’un poëme sur l’île de Chypre, Castor était mortel, le destin l’avait dévoué à la mort comme le reste des hommes ; mais Pollux en qualité de fils de Mars reçut le privilége de l’immortalité. Je ne vois ici qu’une fiction poétique ; ce que dit Homère des dieux fils de Léda me paraît plus digne de foi. Ce même poëte fait d’Hercule une simple idole : « Hercule, dit-il, ce héros fameux par tant d’exploits. » D’après ces paroles, nul doute qu’aux yeux d’Homère, Hercule ne fût qu’un homme. Le philosophe Jérôme qui a tracé son portrait, remarque qu’il était d’une petite taille et d’une grande force, et qu’il avait les cheveux crépus. Selon Dicœarque, il était svelte, nerveux, noir ; il avait le nez aquilin, les yeux bleus, les cheveux épais ; il vécut cinquante-deux ans et finit sa vie par les honneurs du bûcher sur le mont Æta où se firent ses funérailles.

Voulez-vous savoir ce qu’étaient les Muses, ces filles de Jupiter et de Mnémosyne, selon Alexandre, révérées comme déesses par les poëtes et les autres écrivains, invoquées par toutes les villes qui leur élevèrent des temples ? C’étaient des esclaves qui furent achetées par Mégaclo, fille de Macar, roi des Lesbiens, toujours en querelle avec sa femme. Mégaclo était malheureuse du sort cruel de sa mère ; que ne devait-elle pas souffrir en effet ? Il lui vint à la pensée d’acheter ces esclaves au nombre de neuf. Elle les appela Muses d’un mot grec emprunté au dialecte éolien, et leur apprit à chanter les exploits des anciens héros et à s’accompagner de la guittare ; la douceur de leur voix et la mélodie de leurs accords charmaient Macar et calmaient sa colère. Mégaclo reconnaissante pour sa mère qui n’avait plus à souffrir de son mari, leur éleva des statues de bronze et leur fit rendre des honneurs divins dans tous les temples. Voilà ce qu’étaient les Muses. C’est Myrsille de Lesbos qui nous apprend leur histoire.

Connaissez maintenant les amours de vos dieux, leur incroyable intempérance selon la fable ; sachez leurs blessures, leurs chaînes, leurs joies, leurs combats, que dirai-je encore ?