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SAINT CLÉMENT D'ALEXANDRIE.

de certaines affections de l’âme, telles que l’amour, la crainte, la joie, l’espérance ; comme Épiménide l’ancien, qui dressa dans Athènes des autels à l’outrage et à l’impudeur. L’imagination, selon les circonstances, a personnifié d’autres êtres moraux et en a fait des dieux, comme les Furies, Clotho, Lachesis, Antropos, Auxo, Thallo, ces divinités d’Athènes. Une sixième cause introduisit de nouveaux dieux ; on en compte douze qui lui doivent leur origine, sans comprendre les divinités qui appartiennent à la théogonie d’Hésiode, et celles qui composent la théologie d’Homère. Reste une septième et dernière source, je veux parler de la reconnaissance pour des bienfaits signalés, rendus à l’humanité. Les hommes, dans leur ignorance du Dieu dispensateur de tous biens, admirent des dioscorides sauveurs, un Hercule, fléau des monstres, un Esculape, médecin. Voilà par quelles voies glissantes et périlleuses l’homme, s’écartant de la vérité, tomba du ciel dans un abîme.

Je veux maintenant vous placer en face de vos dieux pour que vous les connaissiez à fond et que sortant des voies de l’erreur vous repreniez le chemin du ciel : « Nous aussi nous étions des enfants de colère, dit l’apôtre ; mais Dieu riche en miséricordes, dans l’excès de son amour pour nous, nous a vivifiés par le Christ lorsque nous étions morts par le péché. » Car le Verbe vivant et enseveli avec le Christ, est aujourd’hui élevé en gloire avec Dieu. Ceux qui restent incrédules sont appelés enfants de colère, parce que la colère du ciel est leur partage, dès lors qu’ils repoussent le bienfait de la grâce ; nous ne sommes plus enfants de colère parce que brisant les liens de l’erreur nous nous sommes jetés avec transport entre les bras de la vérité, autrefois enfants d’iniquité, aujourd’hui vrais fils de Dieu, grâce à la clémence du Verbe. « Prenez donc pour vous seuls les paroles du poëte d’Agrigente, lorsqu’il s’écrie :

« Infortunés que tourmente sans cesse l’aiguillon des remords, où trouverez-vous un baume salutaire à d’amères douleurs ? »

Presque tout ce qu’on rapporte de vos dieux est fiction et