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SAINT CLÉMENT D'ALEXANDRIE.

taient leur voix. Si vous refusez d’ajouter foi aux prophètes, si vous placez et les hommes et le feu de la colonne ou du buisson au rang des fables, il parlera lui-même ce Verbe qui, possédant la nature divine, n’a pas cru que c’était usurpation de sa part de s’égaler à Dieu, et qui s’est anéanti, Dieu de miséricorde, pour sauver l’homme.

Ô homme ! le Verbe lui-même te parle à haute voix, pour te faire rougir de ton incrédulité. Dieu fait homme, il t’apprend comment l’homme peut devenir Dieu.

Quelle conduite plus étrange que la notre ! Un Dieu nous exhorte sans cesse à la vertu et nous repoussons le salut qu’il nous offre ; nous foulons aux pieds ses bienfaits. Jean ne nous presse-t-il pas d’accourir à ce Dieu ? A-t-il été autre chose qu’une voix qui ne savait que presser, exhorter les hommes ? Demandez-lui, en effet, ce qu’il est ? d’où il vient ? Il dit qu’il n’est pas Hélie. Il déclare qu’il n’est pas le Christ, mais une voix qui crie dans le désert. Qu’est-ce donc que Jean ? Nous pouvons le dire maintenant, c’est une voix, la voix du Verbe, qui exhorte sans cesse et crie dans le désert. Que proclamez-vous, ô voix ! Parlez-nous aussi. Rendez droits les sentiers du Seigneur, nous dit-elle. Jean est donc le précurseur ; c’est la voix qui précède le Verbe, c’est la voix d’exhortation qui ouvre le chemin du salut, c’est la voix qui appelle à l’héritage céleste. Par elle, la créature stérile et abandonnée est devenue féconde. Fécondité prédite par la voix de l’ange, qui fut un autre précurseur, annonçant la bonne nouvelle à la femme stérile, comme Jean l’annonçait au désert. Grâce à cette voix de salut, la femme stérile devient mère, et la terre qui ne donnait que des ronces produit des fruits. Ces deux voix qui précèdent le Seigneur, l’une de l’ange et l’autre de Jean, ne désignent-elles pas le salut tenu en réserve, et la vie éternelle, ce fruit de notre fécondité qui nous reste à cueillir, depuis que le Verbe a paru sur la terre. L’Écriture réunit ces deux voix et nous explique tout le mystère par ces paroles : « Réjouis-toi, stérile qui n’enfantes pas ; pousse des cris de joie, toi qui n’avais pas d’enfants ; l’épouse abandonnée est devenue plus fé-