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SAINT CLÉMENT D'ALEXANDRIE.

mort, il y précipite encore aujourd’hui ses enfants ; mais le Verbe est toujours notre appui et notre vengeur. Le salut qu’il nous annonçait dès le commencement, d’une manière symbolique, mais aujourd’hui sans figure, et dans les termes les plus clairs, il nous presse de nous en emparer. Fuyons, nous dit-il par un apôtre, fuyons le prince des puissances de l’air, fuyons l’esprit qui agit maintenant sur les enfants d’incrédulité ; mais fuyons entre les bras du Dieu sauveur qui nous appelle au salut par tant de prodiges opérés dans la terre d’Égypte et dans le désert, tel que le buisson ardent, telle que la nuée lumineuse, esclave obéissante, qu’une grâce toute divine attachait aux pas des Hébreux.

Les rebelles au cœur dur, il les presse par la crainte. Ceux qui savent écouter, il les amène par la raison à la raison même, qui est le Verbe : il leur parle tantôt par Moïse, ce maître plein de sagesse, tantôt par Isaïe, cet ami de la vérité ; enfin, par le chœur harmonieux de tous les prophètes. Là il emploie le reproche, ici la menace ; il donne des larmes à ceux-ci, il charme ceux-là par ses chants. Médecin habile, il guérit les malades, les uns par une boisson amère, les autres par un doux breuvage. Il soulage la douleur, tantôt par un baume qui l’adoucit, tantôt par le fer qui ouvre la veine. Ailleurs il taille la plaie, ici il la brûle. Que ne fait-il pas pour guérir le membre qui souffre. Ce Dieu sauveur emploie tout les langages, essaye de tous les moyens pour amener l’homme au salut. Il avertit par ses menaces, il réveille par ses reproches ; il attire par ses chants, il s’attendrit et pleure lui-même. Il fait entendre sa voix du milieu d’un buisson, quand il faut le langage des prodiges ; il épouvante par le feu de la colonne suspendue dans les airs ; il en fait jaillir la flamme, signe tout à la fois de colère et de clémence ; flambeau qui éclaire l’homme docile, foudre qui écrase le rebelle.

Mais, comme la bouche humaine est un interprète du ciel plus noble qu’un buisson ou une colonne, il a fait entendre la voix des prophètes, ou plutôt il parlait lui-même par Isaïe, par Hélie, par d’autres hommes qu’il inspirait ; et qui lui prê-