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SAINT CLÉMENT D'ALEXANDRIE.

donnée heureuse. Il a paru sur la terre ce Verbe, seul tout à la fois, Dieu et homme, pour nous apporter tous les biens. À son école, les mœurs s’épurent, l’homme se sanctifie et passe à une vie éternelle, selon ces divines paroles d’un de ses apôtres : « La grâce du Sauveur s’est révélée à tous pour nous apprendre à renoncer à l’impiété et aux désirs du siècle, et à vivre dans le siècle avec tempérance, avec justice, avec piété, attendant toujours l’heureux objet de notre espérance, et l’avènement glorieux du grand Dieu, notre Sauveur Jésus-Christ. » Le voilà donc ce cantique nouveau chanté par le Verbe, qui n’était pas seulement au commencement, mais avant le commencement de toutes choses ; sa lumière a brillé sur nous : il vient d’apparaître ce Dieu sauveur qui existait dès longtemps ; il s’est manifesté celui qui est l’être renfermé dans l’être. Le Verbe qui était dans Dieu, le Verbe par qui tout a été fait, a paru sur la terré, il est devenu le précepteur des hommes. Comme créateur, il nous a donné la vie ; comme docteur, il nous apprend à bien vivre ; comme Dieu, il nous ouvre l’éternité.

Ce c’est point d’aujourd’hui qu’il s’est attendri sur nos maux, il les a pris en pitié dès les premiers jours du monde. S’il a paru dans les derniers temps, c’est que nous nous enfoncions dans la mort, nous allions périr. Car, jusqu’à ce jour, le perfide serpent n’a cessé, par ses funestes enchantements, de séduire les hommes et de les retenir dans la plus honteuse et la plus déplorable servitude. Sa cruauté ressemble à celle de ces rois barbares qui enchaînaient leurs captifs à des cadavres, les laissant pourrir ensemble dans cet affreux embrassement de la vie et de la mort. S’emparer de l’homme dès son berceau, comme fait le démon, ce cruel tyran, le prosterner au pied de vaines statues, de ridicules idoles, l’attacher par le lien honteux de la superstition à la pierre ou au bois, n’est-ce pas accoupler les vivants avec les morts et les jeter dans un commun tombeau pour s’y corrompre et pourrir ensemble ?

Le séducteur n’a pas changé : Vous le trouvez le même à toutes les époques ; comme il a entraîné autrefois Ève dans la