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SAINT CLÉMENT D'ALEXANDRIE.

ses ennemis, il le couvre de sa miséricorde ; elle déborde sur lui comme d’un vase ; c’est peu de l’instruire, elle lui montre le ciel comme récompense ; la sienne à lui c’est le bonheur de nous sauver. L’esprit de mensonge se nourrit de nos larmes, se repaît de notre mort ; mais la vérité, comme l’innocente abeille, qui jamais ne flétrit la fleur sur laquelle elle repose, se réjouit de notre salut. Vous voyez l’étendue de ses promesses, vous connaissez la tendresse de son amour ; venez donc à ce Dieu, prenez part à ses faveurs, emparez-vous de la grâce.

Mais ce cantique, ce concert dont je vous parle, ne les croyez pas nouveaux à la manière d’un vase qu’on façonne, d’un édifice qu’on élève. Car ils étaient avant l’astre du jour. Au commencement était le Verbe, il était en Dieu, et le Verbe était Dieu. C’est l’erreur qui est ancienne, dites-vous, la vérité est nouvelle. Que des chèvres prophétiques fassent des Phrygiens un peuple très-ancien ; que les poëtes donnent aux Arcadiens une existence antérieure à la lune ; que les Égyptiens, à leur tour, nous racontent leurs rêves et prétendent que leur terre a vu naître les hommes et les dieux : toutefois aucun de ces peuples ne peut se vanter d’être né avant ce monde. Eh bien ! nous étions avant qu’il fut fait, notre future existence était déjà déterminée ; nous vivions dans la pensée de Dieu.

Nous sommes les êtres raisonnables sortis du Verbe divin, l’éternelle raison ; nous tirons de lui notre origine. Par lui, nous sommes donc les premiers de tous ; car le Verbe était au commencement. Il existait avant que les bases du monde fussent posées, dès lors il a toujours été ce qu’il est, le principe fécond, la pensée divine de toutes choses. Mais, comme il a voulu paraître sur la terre dans ces derniers temps, sous le nom de Christ, ce nom si saint, si auguste qu’il avait reçu dès les premiers jours, voilà pourquoi nous l’appelons le cantique nouveau, la doctrine nouvelle.

Ainsi donc le Verbe, c’est-à-dire le Christ, ne nous a pas seulement donné la vie, car il était en Dieu ; mais il nous l’a