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DE LA TRADITION.

points de la doctrine chrétienne n’y étaient pas prêchés moins publiquement ni moins assidûment ; s’il y était survenu de l’altération quelque part, la comparaison de cette doctrine avec celles des autres Églises aurait fait le même effet que la confrontation des différentes copies des livres saints.

Un protestant célèbre et très-prévenu contre la tradition, l’a compris. Beausobre, dans son Discours sur les livres apocryphes, dit que, pour discerner si un livre était apocryphe ou authentique, les Pères en ont comparé la doctrine avec celle que les apôtres avaient prêchée dans toutes les Églises, et qui était uniforme. Donc il reconnaît que la tradition de ces Églises était un témoignage irrécusable, et que les Pères ont été capables de le rendre sans aucun danger d’erreur. « La tradition, dit-il, ou le témoignage de l’Église, lorsqu’il est bien vérifié, est une preuve solide de la certitude de la doctrine. » Cet aveu est remarquable. Il ajoute, en second lieu, que les Pères ont pu savoir certainement quels étaient les livres donnés aux Églises par les apôtres et par les hommes apostoliques dès le commencement, parce qu’il y a eu dans l’Église une succession continue d’évêques, de prêtres, d’écrivains ecclésiastiques qui, depuis les apôtres, ont instruit les Églises, et dont on ne pouvait pas récuser le témoignage, il dit enfin que les Pères ont comparé les livres qui venaient certainement des apôtres avec les autres, pour savoir si ceux-ci ressemblaient aux premiers, que c’est ta règle et la maxime de tous tes critiques.

Voilà donc les anciens Pères reconnus capables de confronter la doctrine de l’Église avec celle des livres saints, capables de porter un témoignage irrécusable sur la conformité de l’une avec l’autre ; capables d’user de la critique pour compa-