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DE LA TRADITION.

de différents âges et de divers caractères, dont les intérêts, les passions, les préjugés ne pouvaient être les mêmes ; qui étaient de différents pays, et qui ne parlaient pas la même langue, il est impossible que tant de témoignages réunis sur un fait soient sujets à l’erreur. Il ne sert à rien de dire que chaque témoin en particulier a pu se tromper, qu’aucun n’est infaillible ; il n’est pas moins évident que l’uniformité de leur attestation nous donne une certitude entière du fait dont ils déposent. Ils méritent encore plus de croyance, lorsque ce sont des hommes revêtus de caractère pour rendre témoignage du fait dont il s’agit, bien persuadés qu’il ne leur est pas permis de le déguiser ni d’en imposer ; qu’ils ne pourraient le faire sans s’exposer à être contredits, couverts d’opprobre, dégradés et dépossédés de leur état. Or, les pasteurs de l’Église sont autant de témoins revêtus de toutes ces conditions pour rendre témoignage de ce qu’ont enseigné les apôtres, de ce qui a été cru, professé et prêché publiquement dans toutes les Églises qu’ils ont fondées. S’il y a dans le Christianisme une question essentielle, c’est de savoir quels sont les livres que nous devons regarder comme Écriture-Sainte et parole de Dieu. Les Protestants sont forcés d’avouer que nous ne pouvons en être informés que par le témoignage des anciens Pères, pasteurs des Églises, dépositaires et organes de la tradition. Mais si ces Pères ont été ignorants, crédules, souvent trompés par des livres apocryphes, tels qu’ils sont peints par les Protestants, quelle certitude peut nous donner leur témoignage ? Pour fonder notre foi, il faut encore être assurés que ces livres étaient lus publiquement et journellement dans les assemblées des fidèles, parce que la confrontation des exemplaires aurait découvert la fraude. Nous en convenons. Mais les autres