Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
NOTICE SUR SAINT CLÉMENT.


gile ; mais si nous en croyons la tradition qui est parvenue de nos pères jusqu’à nous, ce ne fut pas sans un motif particulier qu’il se mit à écrire. Voyant que les autres avaient principalement insisté sur l’humanité de notre Seigneur, et concevant qu’il y avait du danger à se taire sur sa divinité, en outre, poussé par l’esprit du Christ, il se mit à écrire l’Évangile dans cette idée. Cela est clair d’après la manière dont il nous raconte l’histoire de Jésus-Christ, et même d’après son préambule. Aussi ne commence-t-il point son évangile par en bas, comme les autres ; mais il débute d’en haut, ainsi que l’esprit le poussait. Son livre est monté tout entier sur ce ton, et ce n’est pas seulement dans son préambule, c’est dans tout le cours de son évangile qu’il est plus élevé que les autres. »

Photius accuse saint Clément de grandes erreurs dans ses Institutions ; mais n’est-il pas permis d’en douter, lors qu’Eusèbe et beaucoup d’autres auteurs ecclésiastiques ne parlent de ce livre qu’avec éloges ? Rufin le regarde comme très-catholique, quoiqu’il lui reproche quelques erreurs.

Le style de saint Clément d’Alexandrie est d’une grande élégance dans son Exhortation aux Gentils, et il s’élève de temps en temps à la plus haute éloquence dans ses Stromates. Comme il traite de matières philosophiques et de choses abstraites, il est fort difficile à traduire. Cependant il n’est pas à beaucoup près aussi obscur que les écrivains protestants l’ont prétendu.