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NOTICE SUR SAINT CLÉMENT.


sont-ils inférieurs au vrai Chrétien ! Il n’y a que le Chrétien qui connaisse Dieu. Les philosophes n’ont qu’une fausse science, et la fausse science nuit d’autant plus à la véritable qu’elle en usurpe le nom. Le Chrétien est le seul qui pratique le précepte de l’aumône. En faisant du bien à ses frères, il se rapproche autant que possible de Dieu, qui est l’auteur et le dispensateur de tous les biens. » Saint Clément fait une belle digression sur l’aumône et sur la loi judaïque qui prescrivait à la cinquantième année l’annulation de tous les contrats emportant transmission de propriété. Le Chrétien, ajoute-t-il, est le seul qui s’élève contre la barbare coutume d’exposer les enfants. Il est le seul qui conçoive la dignité de l’union de l’homme et de la femme. Les philosophes et les législateurs ont cru tout faire en plaçant cette institution, les uns sous la protection des lois, les autres sous celle de la morale publique. Le Christianisme lui a donné sa perfection en l’élevant à la dignité de sacrement. Dans ce livre, l’auteur discute en passant les opinions des philosophes sur le souverain bien. Suivant lui, il n’y a que Platon qui se soit approché de la vérité, en disant que le souverain bien consiste dans la ressemblance avec Dieu.

Le troisième livre est un des plus intéressants à cause des faits historiques qu’il contient. Il est particulièrement dirigé contre les hérétiques. C’est la question sur le mariage par laquelle se termine le second livre, qui amène saint Clément à parler des diverses opinions des hérétiques. Ces hérétiques s’accordaient tous à combattre cette institution, mais sous des points de vue entièrement opposés. Les uns, comme les Basilidiens, les Marcionites, les Encratites ou Continents, proscrivaient l’union des sexes, parce que, suivant eux, le monde ayant été formé d’une mauvaise matière, il ne fallait pas le peupler. Les autres, comme les Carpocratiens et les Épiphaniens, voulaient que les femmes fussent communes ainsi que tous les biens en général, et ils appuyaient cette opinion par les doctrines non-seulement les plus contraires à la loi de Dieu, mais encore les plus effrayantes pour la paix publique et le bon ordre. Communauté et égalité, telle était la maxime de ces derniers : saint Clément combat les uns