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NOTICE SUR SAINT CLÉMENT.

sophie. Saint Clément entre dans les détails les plus circonstanciés sur ce qui concerne la nourriture et les vêtements. Il indique même les heures du coucher et du lever, la manière de passer la nuit. En parlant du travail et du délassement, il marque les occupations qui regardent les hommes et celles qui conviennent aux femmes. Il recommande à tous la pureté, la modestie, la frugalité. Cet ouvrage est surtout précieux en ce qu’il représente le tableau des mœurs chrétiennes au second siècle.

Passons maintenant aux Stromates, ouvrage qui a le plus contribué à la réputation de saint Clément d’Alexandrie. Le mot Stromates signifie Tapisseries ; en donnant ce titre à son livre, l’auteur a voulu dire sans doute qu’il mettrait de la variété dans son sujet, pour éviter l’ennui et la sécheresse qui s’attachent aux ouvrages philosophiques. Saint Clément donne aussi à cet ouvrage, dans plusieurs endroits, le titre de Souvenirs. Au reste, il ne l’a point composé, nous dit-il, dans l’intention d’acquérir une vaine gloire, mais pour ne point perdre la mémoire des choses qu’il a eu le bonheur d’entendre de la bouche des hommes qui avaient vécu avec les saints apôtres. Il a voulu amasser des provisions pour le temps de sa vieillesse. Ce qu’il va mettre au jour n’est que l’ombre et le reflet de la lumière que ces hommes de Dieu répandaient de tous côtés.

Il serait difficile de trouver dans l’antiquité chrétienne quelque chose qui éveillât plus la curiosité et en même temps qui fût plus propre à faire connaître et aimer les vertus chrétiennes, que ces sept livres des Stromates. La science profane y est portée au plus haut degré. Les opinions philosophiques de toutes les écoles sont mises en parallèle avec les doctrines évangéliques et viennent rendre hommage à la supériorité du Christianisme sur la philosophie. Ce que dit l’auteur sur les mœurs des premiers Chrétiens, et en particulier sur le martyre, suffirait pour le classer parmi les historiens de cette époque. Son livre sur les symboles est plein de ces traits de lumière de nature à éclairer la marche incertaine de la science au milieu des ténèbres de l’archéologie. Toutes ces choses sont exposées et déduites avec une originalité piquante qui leur prête le plus vif intérêt. Afin qu’on n’oublie pas que