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NOTICE SUR SAINT CLÉMENT.


nion de toutes les opinions des philosophes, et de réunir toutes les écoles dans une seule. Laissant de côté le scepticisme et beaucoup de dogmes d’Épicure qui n’entraient pas dans le plan qu’elle se proposait de suivre, elle aspirait à composer un tout uniforme des opinions souvent opposées des Platoniciens, des Péripatéticiens, des Stoïciens, en mettant Platon au premier rang et en inscrivant même ce nom révéré sur le fronton de son école. À cet amalgame étrange des divers systèmes des philosophes, la nouvelle secte joignit les idées religieuses éparses dans les poésies d’Orphée et de Musée, le dogme de la transmigration des âmes de Pythagore, les secrets des mystères de l’Égypte, inventés, dit-on, par Hermès, et les opinions que l’Orient attribue à ses anciens mages. C’est ainsi que les nouveaux Platoniciens se firent un corps de doctrines grossi de tous les systèmes qu’ils puisèrent non-seulement dans la philosophie des Grecs, mais encore dans celle des peuples que les Grecs appelaient barbares. L’ancien polythéisme ne tarda pas non plus à se revêtir d’une autre forme entre leurs mains. Jupiter fut le feu, Junon l’air, Neptune l’eau, Cérès et Bacchus les biens que la terre produit ; enfin toutes les divinités de la mythologie ne furent plus que les membres divers d’un Dieu unique dont l’âme était répandue dans toutes les parties du monde. Ce qui rendait le néo-platonisme extrêmement dangereux, c’est qu’on pouvait y rapporter toute espèce de religion et qu’il admettait même quelques dogmes du Christianisme dont on détournait le sens en les expliquant d’une manière mystique et allégorique. Cette secte, qui enfanta beaucoup d’imposteurs, produisit aussi quelques hommes d’un vrai mérite, et entr’autres Athénagore, Hermias, saint Clément d’Alexandrie qui, éclairés par la foi, devinrent les plus redoutables adversaires des erreurs de leurs anciens co-sectaires.

Dans son Exhortation aux Gentils, saint Clément énumère toutes les opinions des différentes sectes de philosophie sur le principe du monde, et il en conclut avec raison que les philosophes, même les plus éclairés, n’ont vu la vérité qu’en songe, quoiqu’il leur soit arrivé quelquefois de dire des choses conformes à la vérité, avec l’inspiration de Dieu ; car tout ce qui est