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NOTICE SUR SAINT CLÉMENT.

son opinion, il invoque le témoignage d’Orphée, à la fois prêtre et poëte. Il prouve que les symboles en usage dans ces mystères ont pour objet de rappeler les obscénités qui les ont fait instituer.

Il indique l’origine de l’idolâtrie, qu’il attribue à plusieurs causes. Les uns, induits en erreur par le spectacle de la nature, et contemplant les mouvements de ces grands corps qui roulent au-dessus de nous, ont pris les ouvrages du Créateur pour le Créateur lui-même. D’autres, en recueillant les productions de la terre, ont été tellement charmés d’un si grand bienfait, qu’ils ont regardé comme des dieux les hommes qui leur ont appris à ensemencer la terre et à cultiver la vigne. Ainsi les Athéniens ont établi le culte de Cérès, et les Thébains celui de Bacchus. Il y en a qui, redoutant le juste salaire de leurs crimes, ont offert des sacrifices aux furies et aux génies qu’ils croyaient chargés de venger les forfaits. Mais ce sont les poëtes qui ont principalement accrédité ces superstitions dans l’esprit des peuples. Les fables d’Homère, et le poëme où Hésiode raconte la génération des dieux, ont fait admettre les douze grands dieux et tout leur cortége. La philosophie elle-même n’a-t-elle pas déifié la crainte, l’amour, la joie, l’espérance ? Enfin les hommes ont mis au rang des dieux ceux qui ont détourné de leur tête de grands fléaux, comme les Dioscure, Hercule et le médecin Esculape.

Pour se convaincre que les personnages adorés sous le nom de dieux ne sont que des hommes, il n’y a qu’à examiner ce que les poëtes nous racontent sur la naissance, la vie et la mort de ces prétendus dieux. On compte jusqu’à trois Jupiter, trois Minerve et on ne sait combien d’Apollon. Les dieux ont parmi eux des médecins et des forgerons. Ils ont subi le joug de l’esclavage comme des ilotes. Apollon a servi à Phères, Hercule à Sardes, Neptune et Apollon sous Laomédon. Encore s’ils n’étaient pas les plus impudiques et les plus corrompus de tous les êtres ! Lorsque l’on entend Homère nous parler de leurs adultères, de leurs incestes, de leurs indécents éclats de rire au milieu des festins, qui ne serait tenté de s’écrier : « Ô impiété ! ô athéisme ! » Les femmes qui adorent ces dieux voudraient-elles que leurs maris et leurs fils leur ressemblassent ? Quoi ! les Grecs suspendent dans l’in-