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NOTICE SUR SAINT CLÉMENT.


lui est apparue, non à cause de ses œuvres de justice, mais dans sa miséricorde infinie. Au reste la loi qu’il leur apporte n’est pas nouvelle ; elle existait avant la création même du monde. Car au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. Il est vrai qu’il y a peu de temps que le Verbe, sous le nom de Christ, a paru sur la terre ; mais il existait de toute éternité comme Dieu, et il était, comme il est encore aujourd’hui, le principe divin de toutes choses. Nous aussi nous sommes les images du Verbe ; avant d’avoir été faits chair et même avant la création du monde, nous existions dans la pensée de Dieu ; nous étions déjà créés pour lui. En effet, par cela même qu’on doit exister, on existe déjà aux yeux de Dieu. Ainsi, ce n’est pas seulement aujourd’hui que le Verbe a eu pitié de nos misères, c’est au commencement du monde. Seulement il a attendu, pour venir nous sauver, que nous fussions sur le point de périr. Jean a été son précurseur. Il était la voix de celui qui crie dans le désert. Quant au Christ, il est la porte : il est impossible de voir Dieu autrement que par le Christ.

Après cet exposé de la doctrine évangélique, saint Clément s’attache à démontrer aux Grecs l’absurdité du paganisme. Il fait voir qu’il est impossible d’ajouter la moindre foi aux oracles. Ces oracles eux-mêmes n’existent plus. La fontaine de Castalie et celle de Colophon sont devenues muettes. La Pythie ne rend plus de réponses. Les oracles de Claros, de Dydime, d’Amphiaraüs, d’Amphiloque se sont tus. On ne cherche plus la vérité dans les entrailles des victimes, dans le vol des oiseaux, dans l’orge ou dans la farine. Qui s’occupe aujourd’hui des interprètes des songes, des nécromanciens de l’Étrurie, des hurlements des chiens, du croassement des corbeaux ? Tous ces moyens de tromper les hommes sont tombés en désuétude.

Passant ensuite aux mystères de Cérès et de Bacchus, il déclare qu’il ne se contentera pas de les divulguer, comme on l’a prétendu d’Alcibiade ; mais qu’il va les mettre à nu pour en faire voir à tous les regards la monstrueuse impiété. Il établit que ces mystères si révérés des païens n’ont d’autre fondement que les impudicités de Jupiter, de Cérés et de Bacchus. À l’appui de