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des bêtes féroces, de toutes les horreurs des supplices, avec une patience qui ne peut venir que du ciel. Vous ne comprenez pas, insensés ! que personne ne veut souffrir de telles douleurs sans raison, ou ne peut endurer de pareilles tortures sans un secours divin. Peut-être que la vue de tant d’hommes plongés dans l’ignorance de Dieu, et qui, cependant, nagent au sein de l’opulence, ou brillent de l’éclat des honneurs, ou jouissent d’un pouvoir sans bornes, vous impose ? Quelle est votre erreur ! ils ne sont parvenus à cette grande élévation que pour tomber de plus haut ; vous voyez-là des victimes qu’on engraisse pour l’autel, qu’on pare de fleurs pour le sacrifice. Ils semblent élevés au faîte des grandeurs et de la puissance, pour trafiquer plus librement du pouvoir et tout sacrifier à des passions d’une licence effrénée dans leurs caprices. Mais sans la connaissance de Dieu, quel solide bonheur peut exister, puisque la mort est toujours là ? Semblable à un songe, cette ombre de félicité s’évanouit avant qu’on ait pu la saisir. Êtes-vous roi ? vous redoutez autant que vous êtes craint ; quelque nombreuse que soit la garde qui veille à vos côtés, dans les revers vous êtes seul. Êtes-vous riche ? il est dangereux de se fier à la fortune, tant de provisions pour le court trajet de la vie sont moins un secours qu’un embarras. Vous êtes fier de votre pourpre et de vos faisceaux ? C’est une vaine erreur de l’homme, une trompeuse illusion, de ne briller que par la pourpre, et d’être vil par le cœur. Vous vous glorifiez de votre naissance, vous vantez vos aïeux ? Mais nous naissons tous égaux, la vertu seule fait les différences. Nous qui ne sommes rien que par l’innocence de notre vie et de nos mœurs, c’est à bon droit que nous fuyons vos plaisirs, vos pompes, vos spectacles ; nous en connaissons l’origine, elle découle de vos sacrifices, nous en proscrivons les perfides attraits. Qui n’a point horreur, dans vos jeux curules, de la démence d’un peuple furieux qui se déchire ; dans vos combats de gladiateurs, des leçons d’homicide publiquement données ? vos théâtres offrent-ils aux regards moins de fureur, moins de turpitude ? n’est-ce pas là qu’elle est