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ajoute que néanmoins le Dieu qui l’a fait peut seul le briser et l’anéantir. Est-il étonnant en effet, que ce vaste édifice puisse être détruit par celui qui l’a élevé ? Vous voyez donc que vos philosophes pensent comme nous. Nous n’avons pas suivi leurs traces, mais ils ont mêlé à leurs écrits quelqu’ombre de vérité, prise à nos divins prophètes qu’ils ont imités. C’est ainsi que vos sages les plus illustres, Pythagore le premier, mais Platon principalement, vous ont transmis, altéré et mutilé, le dogme de la résurrection. N’enseignent-ils pas qu’après la dissolution des corps, les âmes seules subsistent à jamais, qu’elles passent plusieurs fois dans de nouveaux corps. À cette erreur absurde, ils en ajoutent une autre qui vient encore affaiblir la vérité. Ils osent dire que l’âme humaine entre dans le corps de la brute, des bêtes, des oiseaux ; opinion plus digne d’un bouffon qui plaisante, que d’un philosophe qui médite.

Dans le dessein que nous nous proposons, il nous suffit de vous montrer vos sages d’accord, en quelque manière, avec nous sur le fond des choses. N’est-ce pas le comble de la folie, de la stupidité, d’oser dire que Dieu qui a fait l’homme ne peut le refaire ; que l’homme n’est rien après sa mort, comme il n’était rien avant sa naissance ; que, sorti du néant, il n’en peut sortir une seconde fois ? Est-il plus facile de donner l’être à ce qui ne l’a point, que de reproduire ce qui l’a reçu ? Pensez-vous que les objets s’anéantissent pour Dieu, parce qu’ils se dérobent à nos yeux débiles ? Tout corps se dessèche en poussière, ou se résout en eau, ou se réduit en cendres, ou s’évanouit en vapeurs. Il est soustrait à nos yeux, mais Dieu s’est réservé la garde des éléments qui le composent. Nous ne craignons pas, ainsi que vous le pensez, les outrages de la sépulture, mais nous préférons la coutume d’inhumer les corps, comme la plus ancienne et la meilleure.

Voyez-vous comme la nature entière, pour nous consoler, semble occupée de la résurrection future et en reproduit devant vous les images. Le soleil se couche et se lève ; les astres fuient et reviennent ; les fleurs meurent et renaissent, les arbres vieillissent et se couvrent de nouvelles feuilles ; les se-