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de l’avoir honoré par la pompe de son culte superstitieux ? Vous êtes dans une grande erreur à l’égard de ce peuple, si l’ignorance ou l’oubli des faits passés, ne vous laisse voir que ceux qui se sont accomplis de nos jours. Tant que les Juifs servirent avec un cœur chaste et religieux le Dieu que nous servons nous-mêmes (car c’est le Dieu de tous les peuples), tant qu’ils suivirent ses salutaires ordonnances, leur nombre, petit d’abord, s’est multiplié à l’infini. De pauvres, ils sont devenus riches ; d’esclaves, rois puissants ; faibles, sans armes, ils ont écrasé, sous les ordres de ce Dieu et à la faveur des éléments, les multitudes armées qui les poursuivaient dans leur fuite. Relisez leur histoire ou bien les auteurs romains, s’ils ont plus de charmes pour vous. Laissons-là les anciens, si vous le voulez, et apprenez de Flavius Josèphe et d’Antoninus Julianus ce qu’étaient les Juifs. Vous saurez que leur ruine vient de leur aveuglement, que tout ce qui leur est arrivé leur avait été prédit longtemps d’avance, s’ils persévéraient dans leur incrédulité. Vous comprendrez alors qu’ils ont abandonné Dieu avant que Dieu les abandonnât ; que ce Dieu n’a point subi avec eux le joug du vainqueur, comme vous le dites avec impiété, mais qu’il les a livrés à leurs ennemis comme des transfuges de sa loi.

XXXIV. À l’égard de l’embrâsement du monde, si vous ne croyez pas, ou si vous avez peine à croire qu’un feu soudain doive tomber du ciel, vous partagez l’erreur du simple vulgaire. Qui des philosophes doute ou ignore que tout ce qui naît finit, que tout ce qui commence meurt, que le ciel, avec tous les astres qui l’embellissent, par là-même qu’il a reçu l’être, doit le perdre un jour ? L’opinion constante des Stoïciens, n’est-elle pas que l’eau douce des fontaines ou celle de la mer est le principe de vie pour l’univers, qu’il cessera d’être par la violence du feu, qu’il doit s’embraser quand il aura perdu son humidité ? N’est-ce pas le sentiment des Épicuriens, sur la conflagration des éléments et la ruine du monde ?

Platon enseigne que les diverses parties qui le composent, subissent alternativement des inondations et des embrâsements, et après avoir dit que le monde est éternel, indissoluble, il