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Sa puissance, nous l’avons toujours sous les yeux, dans ses œuvres, dans les révolutions de la nature. La foudre, le tonnerre, l’éclair, la sérénité du ciel la manifestent. Les vents qui ébranlent, qui agitent, qui bouleversent tout, les voyez-vous ? Le soleil fait tout voir, voyez-vous quelque chose dans le soleil ? Il éblouit de ses rayons, il affaiblit la vue de celui qui le contemple ; le regardez-vous trop longtemps, il vous aveugle. Et vous pourriez soutenir l’éclat du Dieu, créateur de ce soleil, du Dieu, source de la lumière, vous qui vous dérobez à ses éclairs, vous qui fuyez devant sa foudre ? Vous prétendez le voir avec des yeux de chair, et vous ne pouvez voir ni toucher cette âme qui vous fait vivre et parler ?

Vous dites : mais ce Dieu ignore les actions des hommes ; relégué dans le ciel, peut-il nous suivre tous, peut-il nous connaître chacun en particulier ? Tu te trompes, ô homme ! ou l’on t’abuse. Comment Dieu serait-il loin de toi, puisque le ciel, la terre, tout ce qui existe hors de ce monde visible est rempli de sa présence ; il est en tous lieux. Nous l’avons non seulement près de nous, mais encore en nous-mêmes.

Regarde encore le soleil : attaché à la voûte céleste, il se répand sur toute la terre, tout y ressent également sa présence ; il est partout, il se mêle à tout, et rien n’altère la pureté de sa lumière. À plus forte raison Dieu, auteur de tous les êtres, les embrasse tous de ses regards, pénètre tous les secrets, voit dans les ténèbres et jusque dans nos pensées, autre région ténébreuse. Nous n’agissons pas seulement sous ses yeux, mais si j’ose le dire, nous vivons en lui et avec lui.

XXXIII. Ne nous flattons pas de former une grande multitude ; nous nous croyons innombrables et nous sommes bien peu devant Dieu. Nous faisons des divisions de peuples, de nations ; tout ce monde, aux yeux de Dieu, ne fait qu’une famille. Les rois, par leurs ministres, connaissent tout dans leurs états ; Dieu n’a pas besoin d’intermédiaire. Encore une fois, nous ne vivons pas seulement sous la majesté de ses regards, mais dans son sein. Vous dites encore : qu’est-il revenu au peuple juif d’avoir élevé à ce Dieu unique un temple, des autels,