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ait pu se faire adorer des Chrétiens, ou qu’un scélérat ait mérité qu’ils le crussent Dieu.

Qu’il est à plaindre celui qui place sa confiance dans un mortel ? il perd tout avec ce mortel. Nous laissons cette folie aux Égyptiens. Ils choisissent un homme parmi eux et l’adorent. Ils le consultent dans toutes leurs entreprises ; ils le supplient dans toutes leurs prières ; ils immolent des victimes en son honneur. Et cet homme, Dieu pour les autres, est toujours, qu’il le veuille ou ne le veuille pas, homme pour lui-même ; s’il peut tromper la bonne foi d’autrui, il ne saurait tromper la sienne. Une basse et honteuse flatterie ne se borne pas à donner aux rois et aux princes les noms de grand, d’illustre, ainsi qu’il est permis ; elle les appelle des dieux ; comme si l’honneur pour le grand homme n’était pas l’hommage le plus vrai, et l’amour pour l’homme de bien le tribut le plus doux.

Ils invoquent donc la divinité de ces hommes, ils tombent à genoux devant leurs images, ils implorent leur génie, disons mieux, leur démon. Ils trouvent plus sûr de se parjurer par le nom de Jupiter que par celui de leurs rois.

Nous n’adorons ni ne désirons la croix ; mais vous qui, du bois, faites des dieux, peut-être adorez-vous aussi des croix de bois comme faisant partie de ces dieux. Et que sont vos étendards, vos drapeaux, les enseignes de vos légions, sinon des croix dorées et chargées d’ornements. Vos trophées de la victoire ne présentent pas seulement la forme d’une croix, mais encore l’image d’un crucifié. Une image bien naturelle de la croix se trouve dans le navire qui fend l’onde avec ses voiles déployées, ou qui glisse doucement avec les rames en repos sur ses bords. Dressez-vous un joug, vous représentez une croix. Vous la représentez encore lorsque, les mains étendues, vous invoquez Dieu dans la sincérité de votre âme. La représentation de la croix est donc une expression qui se trouve dans la nature, ou qui fait le fond de votre culte.

XXX. Je veux arriver maintenant à ceux qui disent ou qui pensent que l’initiation, chez les Chrétiens, se fait par le sang et par le meurtre d’un enfant. Pouvez-vous croire que parmi nous,