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ter cette fable absurde que nous adorons comme un dieu la tête d’un âne. S’il faut être insensé pour se faire un pareil culte, ne faut-il pas être plus insensé encore pour le croire, à moins qu’il ne soit question de vous, qui, dans les étables, consacrez tous les ânes avec votre déesse Épone ; de vous, qui les dévorez pieusement avec Isis ; de vous, qui tout à la fois immolez et adorez des têtes de bœufs et des têtes de moutons ; de vous, enfin, qui placez dans vos temples des dieux moitié hommes et moitié boucs, des dieux à visage de chien ou de lion. Ne faites-vous pas paître et n’adorez-vous pas le bœuf Apis avec les Égyptiens ? Condamnez-vous leurs sacrifices en l’honneur des serpents, des crocodiles, des oiseaux et d’autres bêtes ? La superstition ne va-t-elle pas jusqu’à punir de mort l’homme qui tuerait un de ces dieux ? Ces mêmes Égyptiens, ainsi que plusieurs d’entre vous, ne redoutent pas moins leur Isis que l’âpreté des oignons ; leur Sérapis, que le bruit indécent qui sort de l’homme. L’inventeur de la fable qui nous fait adorer le membre viril d’un prêtre, nous impute ses propres infamies. Un pareil culte conviendrait mieux, je pense, chez des hommes hideusement impudiques, où les deux sexes prostituent tous leurs membres, où l’extrême lubricité s’appelle savoir vivre, où l’on envie la licence des courtisannes, où l’impureté des embrassements se porte à des horreurs qu’on ne saurait décrire, où la langue est immonde lors même qu’elle se tait, où l’on éprouve toute la lassitude de l’impudicité avant d’en ressentir la honte. Chose affreuse ! Les infâmes commettent un crime que l’âge le plus tendre ne pourrait souffrir, que la tyrannie la plus dure n’oserait imposer !

XXIX. Pour nous, il ne nous est pas même permis d’écouter ces horreurs. Plusieurs d’entre nous trouvent honteux que nous en parlions quand il s’agit de nous défendre. Ce que vous imputez à des hommes chastes et pudiques nous paraîtrait impossible si vous n’en offriez pas des exemples.

Vous nous reprochez d’adorer un criminel sur la croix. Vous êtes bien loin de la vérité, si vous pensez qu’un homme