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faites ce qui est nouveau pour vous, ce que vous ne connaissez pas. Nous aussi nous avons été ce que vous êtes ; dans notre aveuglement, dans notre stupide ignorance, nous pensions comme vous. Nous croyions que les Chrétiens adoraient des monstres, dévoraient des enfants, mêlaient l’inceste à leurs festins. Nous ne faisions pas attention que ces fables monstrueuses, soufflées par les démons, n’avaient jamais été ni examinées ni prouvées, que depuis si longtemps personne n’avait trahi le secret, lorsqu’on pouvait compter sur le pardon du crime et sur la récompense de la révélation ; que telle est l’innocence des Chrétiens, que lorsqu’ils sont les accusés, loin de rougir et d’avoir peur, ils regrettent de ne l’avoir pas été plutôt ! Les sacriléges, les incestueux et même les parricides trouvaient en nous des avocats et des défenseurs. Pour les Chrétiens, nous ne pensions pas même qu’on dût les écouter. Dans notre barbare pitié, nous sévissions avec plus de rigueur, nous les torturions pour les obliger à nier ce qu’ils confessaient et les dérober à la mort par ce désaveu. Ainsi, l’usage de la torture à leur égard était renversé ; elle ne cherchait plus à arracher la vérité, elle forçait au mensonge. Si un Chrétien plus faible que les autres se laissait vaincre à la douleur, au milieu des angoisses du supplice, et désavouait sa religion, nous prenions son parti comme si, pour avoir abjuré le nom qu’il porte, il s’était lavé de tous ses crimes. Ne voyez-vous pas maintenant que nous avons pensé comme vous, et fait tout ce que vous faites aujourd’hui ? Cependant, si la raison, et non l’inspiration du démon, présidait à ces jugements, il faudrait contraindre les Chrétiens, non à dire qu’ils ne le sont pas, mais à confesser leurs incestes, leurs infamies, leurs sacriléges, leurs infanticides. Voilà les fables dont les mêmes démons rebattent sans cesse les oreilles de la multitude, pour exciter contre nous l’horreur et l’exécration. Rien ici ne doit étonner. Comme la renommée, qui se nourrit des bruits semés dans le peuple, meurt en présence de la vérité, que font les démons ? Ils sèment, ils alimentent sans cesse la calomnie. Alors vous entendez répé-