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térielles. Ils troublent la vie, inquiètent le sommeil ; esprits subtils et déliés, ils se glissent furtivement dans les corps, les dérangent par les maladies, effrayent les imaginations, torturent les membres, afin de nous forcer à les adorer, et après s’être engraissés du sang des victimes et de l’odeur de leur chair, placée sur des autels, ils paraissent avoir guéri ceux auxquels ils cessent de nuire. Ils sont eux-mêmes ces furieux que vous voyez courir dans les rues et ces devins qui se roulent à terre, s’agitent comme des bacchantes et font tant de folies dans vos temples ! Le sujet de la fureur est différent, mais l’inspiration démoniaque est la même. D’eux encore vient ce que vous avez dit de Jupiter redemandant en songe les jeux oubliés, des dioscores vus à cheval, de la barque suivant la ceinture d’une matrone ; la plupart d’entre vous n’ignorent pas que les démons le disent eux-mêmes et ne s’en cachent pas, toutes les fois que nous les chassons des corps ou par la torture de nos paroles, ou par la ferveur de nos prières. Saturne, Sérapis, Jupiter et tout ce que vous adorez de démons, vaincus par la douleur, déclarent ce qu’ils sont en présence même des vôtres, et n’osent mentir pour couvrir leur confusion. Vous les avez pour témoins, ils déposent contre eux en faveur de la vérité. Adjurés au nom du seul et vrai Dieu, les malheureux frissonnent involontairement dans les corps qu’ils possèdent ; ils en sortent brusquement ou s’en retirent peu à peu selon que la foi du patient favorise leur fuite, ou selon le bon plaisir de celui qui le guérit. Aussi fuient-ils précipitamment l’approche des Chrétiens qu’ils attaquaient de loin autrefois par votre ministère dans les assemblées ; et comme il est naturel de haïr ceux que l’on redoute, et de leur nuire si on le peut, ils se glissent dans l’esprit d’un vulgaire ignorant, et la crainte leur fait semer des haines secrètes contre nous ; c’est ainsi qu’ils s’emparent des âmes, qu’ils assiégent les cœurs, afin qu’on nous haïsse avant de nous connaître, de peur qu’après nous avoir connus, on ne puisse s’empêcher de nous imiter, ou se résoudre à nous condamner.

XXVIII. Quoi de plus inique que de juger comme vous le